Tout Erwitt

Mais, à la différence de ces derniers, ceux d’Elliott Erwitt ne se focalisent pas uniquement sur une race, mais embrassent tous les chiens qui croisent le chemin du photographe et happent son regard, comme ils happent celui du lecteur par les situations drôles qu’ils génèrent et par ce qu’ils disent de l’humain et de nos sociétés. L’humour léger ou tendre de ces images, on le retrouve de bout en bout dans l’œuvre du photographe de Magnum, né en 1928 à Paris, avant que sa famille n’émigre en Italie, puis aux États-Unis en 1939. Que ce soit dans ses photographies de chiens, de couples, d’enfants ou de plages, cet humour est particulièrement éloquent, et ô combien percutant, dans cette rétrospective (255 photographies) conçue sous la direction de l’artiste – même si l’on regrette son choix trop systématique du moyen format pour les tirages. Présentée par ses organisateurs comme la plus exhaustive à ce jour, cette rétrospective offre surtout une vision élargie du travail sur plus de soixante-dix ans de production d’images, extrêmement variées comme le rappellent ses photographies en lien avec l’actualité politique, internationale ou culturelle, tels la rencontre entre Nixon et Khrouchtchev, le portrait de Kennedy à la Maison-Blanche ou les photographies de Marilyn sur le plateau du film Sept ans de réflexion de Billy Wilder. Le développement par thème mélange les années, les pays et les photographies, réalisées ou non dans le cadre de commandes. Dans tous les cas, le regard demeure au plus proche de l’humain, et l’art de la formule (un autre trait marquant du caractère d’Elliott Erwitt, que le parcours distille au travers de verbatim savoureux et de deux films sur le photographe) ne le reste pas moins.