« La bande dessinée en l’an 2000 ? Je pense, j’espère qu’elle aura [enfin !] droit de cité, qu’elle sera devenue un moyen d’expression à part entière, comme la littérature ou le cinéma », note Hergé en 1969.
Georges Remi devenu RG – Hergé (1907-1983) – voit enfin son vœu exaucé, puisque le Grand Palais lui offre, en 2016, ses galeries nationales – alors que le Centre Pompidou en 2007 ne lui avait honteusement accordé que son forum et sa mezzanine – pour mettre à l’honneur Tintin, bien sûr, chef-d’œuvre incontestable de ce grand artiste, mais aussi évoquer sa vie, son œuvre complet, ses zones d’ombre (les relents anticommunistes et colonialistes des débuts, la dépression) et ses mystères. Développé en une dizaine de sections, de la « Grandeur de l’art mineur » au « Renard curieux » via « Hergé, amateur d’art », le circuit déploie une mine d’œuvres originales du maître belge et de documents rares (dessins, réclames, peintures, photographies, interviews, écrits, modélisations de certains objets et immeubles) pour permettre à un public large, de 7 à 77 ans, de comprendre à quel point un travail titanesque d’« horloger bénédictin » (Hergé) a donné naissance à une œuvre universelle (Les Aventures de Tintin), brillant par sa limpidité absolue, sa galerie de personnages miroirs (Milou, le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, les Dupondt…) et son style graphique imparable ; la célèbre ligne claire, trait d’encre noire d’épaisseur constante. Tout Hergé est présent au Grand Palais (Quick et Flupke ainsi que Jo, Zette et Jocko sont aussi de la fête !), sans oublier les pionniers de la BD et du cinéma qui l’ont influencé (Chaplin, Langdon, Linder, McManus, Rabier, Saint-Ogan) et les artistes de son temps qu’il collectionnait avec passion : Fontana, Poliakoff, Raynaud, Warhol, etc. On regrette toutefois que cette manifestation, un tantinet trop sage, ne finisse pas par une ultime salle mettant en perspective l’héritage d’Hergé dans le monde artistique actuel. Quid d’artistes contemporains, tant bédéistes que plasticiens (Floc’h, Jochen Gerner, Jérémie Gindre, Henrik Samuelsson, Joost Swarte…) célébrant Tintin ou le détournant ? Ils n’y sont pas, c’est bien dommage.
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On a tous en nous quelque chose de Tintin
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Abonnez-vous dès 1 €Grand Palais, Galeries nationales, 3, avenue du Général-Eisenhower, Paris-8e, www.grandpalais.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : On a tous en nous quelque chose de Tintin