Jamais une exposition du photographe français Patrick Tosani ne nous avait semblé aussi déroutante. À la fois glaciale, avec ses frappes chirurgicales sur l’objet banal, exhibé au regard sous une lumière froide et un fond neutre, décontextualisé, grossi dans des formats immenses… et ardente, pleine d’un feu sacré.
Le Pavillon populaire de Montpellier accueille une soixantaine d’œuvres dont une série de 2014. Beaucoup de clichés nous sont familiers, déjà vus lors de la rétrospective que lui avait consacrée la Maison européenne de la photographie (Mep) en 2011. Mais tandis que le parcours parisien valorisait l’agencement en séries et l’approche pédagogique, le Pavillon bouscule la chronologie, s’offre des transitions hardies. Peu d’explications sur les bricolages de Tosani, ses leurres fabriqués en atelier qui font obstacle à l’appréhension du réel. Pâtisserie maquillée d’aluminium, pantalon rigidifié au faciès de carnaval, niveaux à bulle déguisés en abstraction acidulée par un cadrage serré. Il faudra se débrouiller avec, pour seule compagnie, les textes sibyllins du commissaire et directeur du Musée Niépce, François Cheval. Il a voulu cette exposition ainsi : opaque et radieuse. Tosani le minimaliste, le conceptuel qui s’acharne à mettre la photo à l’épreuve, questionnant sa capacité à enregistrer le monde, aurait presque des airs de démiurge. Ça palpite sous la peau nette des tirages Cibachromes. Lait, eau, feu, glace, viande, corps, lumière – celle des images projetées sur des boîtes-architecture, celle qui transforme une tranche de pain en cathédrale. Tosani ne photographie pas, il fait advenir. Il féconde.
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Tosani à coeur
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Abonnez-vous dès 1 €Pavillon populaire, esplanade Charles-de-Gaulle, Montpellier (34), www.montpellier.fr/506
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Tosani à coeur