Présenté à la galerie In Situ-Fabienne Leclerc, le dernier travail de l’artiste met en pièces la nature, piégeant son image.
Romainville (Seine-Saint-Denis). Les effets d’échelle ont toujours intéressé Patrick Tosani (né en 1954). Par ce biais le photographe, architecte de formation, modifie la perception d’une chose à laquelle on ne prête généralement guère attention : un talon de chaussure, une cuillère… À partir d’un protocole de prise de vue et le choix d’un tirage grand format, il en modifie la « physicalité ». Son dernier travail, série de paysages reconfigurés par une installation de miroirs placée dans la nature, est une autre manière d’appréhender la réalité, et d’interroger ce que l’on voit. Pour cela, il est sorti de l’atelier, cadre depuis plus de trente ans de ses créations, renouant ainsi avec ses débuts.
Le dévoilement de cette série intitulée « Trois éléments » et réalisée en 2023 et 2024 s’accompagne d’une mise en relation avec des pièces anciennes de l’artiste, offrant dans les vastes espaces de la galerie In Situ -Fabienne Leclerc une belle vision de la cohérence de l’œuvre.
À l’aide de morceaux de miroirs installés dans le cours d’eau d’un ruisseau de montagne, ou à même le sol, le paysage se fractionne et se recompose à partir de ce que reflètent ces miroirs selon leur disposition : le ciel dans l’eau, l’eau elle-même, une crête enneigée, des arbres… L’installation, faite de ces miroirs producteurs d’une image hors champ, fait partie de la photographie. Juxtaposant le reflet dans le miroir à l’espace environnant, elle transforme la vision du paysage. Cette rencontre d’échelles différentes crée une dissonance visuelle troublante ; une instabilité génératrice d’une nouvelle harmonie ou au contraire d’un grand désordre. Le paysage devient autre. D’une photographie à l’autre, le registre de cette dissonance varie, de la plénitude au chaos.
À l’étage ont été sélectionnés quatre tirages issus de séries antérieures relatives à des maquettes d’immeubles, de constructions utopiques, maquettes sur lesquelles est projetée l’image d’un marché ou d’une autre scène tirée du réel. Elles sont mises en regard de séries emblématiques telles que « Têtes » ou « Talons ». Ces photographies, au tirage limité à 3 ou 5 exemplaires selon la série, ont intégré des collections publiques ou privées en France et à l’étranger. Certaines, issues de « Talons », ont illustré l’ouvrage de Michel Poivert La Photographie contemporaine (Flammarion, 2002) ou la couverture de celui d’André Rouillé La Photographie : entre document et art contemporain (Folio Essais, 2005). Les prix de la série « Talons » s’étagent entre 14 000 euros et 16 000 euros le tirage : 14 000 euros pour la dernière édition de la référence « 408-38 », la première étant dans la collection de la Cour des comptes, la seconde au Frac (Fonds régional d’art contemporain) Paca.
Les prix des photos de « Trois éléments » s’échelonnent quant à eux entre 7 500 et 16 000 euros, en accord avec la place de l’artiste dans la photographie plasticienne dont certaines pièces font partie des « grands classiques ». « Nous préférons garder des prix raisonnables pour que les musées puissent acheter l’œuvre et la diffuser. Ce n’est pas notre politique de faire des prix déraisonnables par rapport au marché de la photographie », explique Antoine Laurent, directeur de la galerie.
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Patrick Tosani ouvre le paysage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°645 du 13 décembre 2024, avec le titre suivant : Patrick Tosani ouvre le paysage