Louis Comfort Tiffany est né en 1848. Pour célébrer ce cent cinquantième anniversaire, le Metropolitan Museum of Art, qui vient d’acquérir un ensemble de mobilier signé du créateur ayant appartenu aux Havemeyer, a réuni cent cinquante objets couvrant tous les aspects de son œuvre, depuis Le charmeur de serpent à Tanger, Afrique (1872), un tableau de ses débuts, jusqu’à des verreries uniques (vases, lampes et vitraux), du mobilier, de la poterie, des émaux, des bijoux et des réalisations architecturales.
NEW YORK (de notre correspondant) - La rencontre entre le Metropolitan Museum of Art et Tiffany remonte à 1896. Cette année-là, H.O. Havemeyer fait don au jeune musée de 56 ”Favrile Glass”, des verres irrisés dont Tiffany avait commencé la production trois ans auparavant. Le donateur et son épouse Louisine étaient des inconditionnels de l’œuvre du créateur, et l’avaient chargé en 1889, ainsi que son associé Samuel Coleman, de la décoration de leur somptueuse résidence de la 66e rue. L’une des conditions de la donation était que Tiffany et Samuel Coleman agencent eux-mêmes les œuvres de verre dans les vitrines du musée.
La résidence des Havemeyer était un monument culturel incomparable, comme en témoignent les photographies noir et blanc dont nous disposons aujourd’hui. Tiffany avait construit un décor en plumes de paon colorées, autour d’un escalier suspendu doré, incrusté de pierres de verre Favrile et orné de franges de cristal au tintement pur, pour abriter la légendaire collection d’impressionnistes et de maîtres anciens des Havemeyer.
Malheureusement pour New York, lorsque le Metropolitan Museum of Art a reçu les principales pièces de cette collection à la mort de Louisine, en 1929, le mobilier de Tiffany, démodé, n’était pas inclus dans le legs. Avec le début de la crise économique, cet ensemble a été scindé et dispersé à l’occasion de plusieurs ventes. Cependant, des mosaïques et des éléments architecturaux ont survécu, notamment à l’université du Michigan. Aujourd’hui, Alice Coonoy Frelinghuysen, conservateur au département des Arts décoratifs du Met, cherche à acheter en priorité tout le mobilier créé par Tiffany pour les Havemeyer. En 1992, elle a fait l’acquisition chez le marchand new-yorkais Margot Johnson d’un fauteuil néo-celtique qui trônait dans la bibliothèque privée de leur résidence. En 1994, elle a trouvé une fenêtre de verre opalescent ornée d’une arabesque végétale qui était autrefois dans le salon de musique.
Tiffany est surtout connu pour ses luminaires, et le fonds du Met, bien que modeste, comprend plusieurs pièces originales, notamment un lustre en forme de panier indien tressé. Ses mosaïques sont splendidement représentées dans l’exposition par une fontaine murale destinée à un jardin aménagé. Cette pièce remarquable, exposée dans les magasins Tiffany’s, a été livrée au Met en trois fois. Selon Alice Coonoy Frelinghuysen, “Lillian Nassau, ce marchand extraordinaire qui a tant fait pour remettre Tiffany au goût du jour dans les années soixante, a gracieusement fait don du fonds en mosaïque en 1976. Il nous a mis en contact avec la femme qui possédait le bassin et qui a eu, elle aussi, la gentillesse de nous l’offrir. Mais le linteau appartenait à un marchand du Midwest. Il savait que nous le voulions, et nous avons dû y mettre le prix pour compléter l’ensemble”.
La collection de 75 aquarelles inédites provenant de la collection des ateliers Tiffany est l’une des révélations de cette exposition. Elles représentent des objets d’intérieur design, des lampes et des accessoires. Cependant, la plupart de ces projets n’ont jamais été réalisés. Ces croquis font partie d’archives contenant plus de 400 dessins, achetées par le Met dans les années soixante. Nombre d’entre eux “sont en mauvais état et nécessitent un travail de conservation, selon Alice Coonoy Frelinghuysen. Pour l’instant, il est impossible de les exposer car ils sont trop fragiles”.
Jusqu’au 31 janvier 1999, Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 879 5500, tlj sauf lundi 9h30-17h15, vendredi et samedi 9h30-21h.
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Tiffany inédit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Tiffany inédit