Avec sa première exposition en Occident, Eiraku Zengoro présente à Paris 120 céramiques, pour la plupart destinées à la cérémonie du thé et inspirées des classiques de la littérature nippone.
PARIS. Eiraku, seizième du nom, perpétue l’art de la céramique dans la lignée de ses ancêtres installés à Kyôto depuis des siècles. Il a commencé à travailler à l’âge de 16 ans en prenant la succession de l’atelier paternel, et est le fournisseur officiel de l’École de thé Omote-Senke, l’une des trois héritières de la cérémonie traditionnelle. Aujourd’hui âgé de 80 ans, Eiraku a passé sa vie à étudier la littérature, à pratiquer la calligraphie et la poésie. Son travail reflète cette érudition. L’exposition présente ainsi la pièce maîtresse de son œuvre, réalisée en 1958 : une série de 54 objets inspirés du roman phare de la littérature japonaise, le Genji Monogatari ou Dit du Genji. Ce roman-fleuve, écrit au XIe siècle par une dame de la cour impériale de l’époque Heian (794-1185), relate les aventures amoureuses d’un prince de lignée impériale et a inspiré de très nombreux artistes, peintres, écrivains, metteurs en scène... Chacune de ces 54 céramiques pour la cérémonie du thé (bol, jarre à eau, vase, coupe...) reprend le thème de l’un des 54 chapitres du roman de Murasaki Shukibu, dont les titres sont autant d’évocations poétiques : "Le vent dans les pins", "La belle du soir", ou encore "Le pont flottant des songes", choisi comme titre de l’exposition.... Œuvres figuratives ou conceptuelles, les céramiques de Eiraku reconstituent l’univers intimiste et raffiné du Dit du Genji. L’art du maître de Kyôto dénote l’influence de la céramique coréenne et chinoise. On retrouve dans ses œuvres polychromes leurs couleurs brillantes et chatoyantes : dessin bleu à l’oxyde de cobalt, émaux de couleur, principalement rouge, vert et jaune.
IRAKU ZENGORO XVI, CÉRAMISTE. LE PONT FLOTTANT DES SONGES, jusqu’au 19 avril, Espace Mitsukoshi Étoile, 3 rue de Tilsitt, 75008 Paris tél. 01 44 09 11 11, tlj sauf dimanche et 31 mars 10h-18h.
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Terre des mots
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Terre des mots