Télescopages

Il apparaît bien ostentatoirement grand dans ce lieu dédié au stockage et à la monstration de l’art d’aujourd’hui. Trois expositions accueillent le visiteur dans des espaces par ailleurs architecturalement innovants et séduisants. Deux univers habituellement étrangers l’un à l’autre – la musique rap et cette vénérable institution qu’est la Monnaie de Paris – se télescopent avec énergie dans une réjouissante vidéo. Mohamed Bourouissa (né en 1978 en Algérie, vit et travaille à Paris) a filmé la fabrication d’une médaille à l’effigie du rappeur français Booba, dont la chanson appelée Fœtus rythme des images d’une grande sophistication esthétique.

Au premier étage, une salle de plus de 500 m2 accueille les peintures et photographies récentes du peintre suisse Francis Baudevin (né en 1964, vit et travaille à Lausanne), un praticien du recyclage pictural de logos, de graphismes publicitaires ou de pochettes de disques vinyles. Un humour distancié qui semble également partagé par les deux compositeurs américains Alvin Lucier (né en 1931) et Tom Johnson (né en 1939, réside à Paris depuis 1983) qui exposent à proximité. Lucier propose des micros captant les vibrations aléatoires recueillies dans des récipients en verre, tandis que Johnson présente de mystérieuses « partitions musicales », des schémas géométriques indéchiffrables pour les non-initiés, dessinés à la mine de plomb.