Pas besoin d’attendre 2015 et la rétrospective que lui prépare le Centre Pompidou Metz, pour découvrir le travail récent de Tania Mouraud.
L’artiste française de 72 ans passe l’automne au Mac/Val avec une installation audiovisuelle monumentale – 35 m x 7 m – que prolongent dans l’espace public ses Wall Paintings, phrases à la limite de la lisibilité couvrant la façade du musée et les panneaux d’affichage urbain. Des messages aux lettres étirées, débris d’utopies – le IHAVEADREAM de Martin Luther King – qu’il va nous falloir, non consommer tout crus tels des slogans, mais déchiffrer, réchauffer un peu de notre mémoire. Interpréter. Pour cela on doit s’arrêter, ne serait-ce qu’un instant. Échapper au flux. À l’intérieur du musée, AD NAUSEAM associe le son à des images montrant l’implacable train-train d’une usine de recyclage de papier. D’imposants bulldozers déplacent des livres destinés au pilon. Dans son précédent film, Once Upon a Time, il s’agissait d’arbres. On finit par y voir des corps. Se répète ici (jusqu’à la nausée) la tragédie d’une violence d’autant plus forte qu’elle n’est pas visible. Autodafés, crimes de masse, machinisme déshumanisant, surproduction, l’œuvre charrie tous ces possibles. Tania Mouraud a la réputation de cogner fort, pour réveiller les consciences, de faire dans le politique – son père résistant est mort fusillé, la Shoah hante son travail. C’est pourtant sans stratégie militante, avec une grande humilité plastique, qu’elle nous confie son regard sur le présent, révélant, avec notre concours et sans les représenter, les forces de destruction en marche.
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Tania Mouraud cogne fort
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Abonnez-vous dès 1 €« Tania Mouraud, AD NAUSEAM », Mac/Val, place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94), www.macval.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : Tania Mouraud cogne fort