Les médias parlent souvent du « théâtre des opérations », doux euphémisme pour désigner le front. Et le plus souvent, les photographes n’y sont pas, relégués par les états-majors en arrière-ligne.
La guerre est donc souvent statique et ennuyeuse car rares sont les images qui documentent les corps-à-corps. C’est aussi ce qu’a constaté Jean-Yves Jouannais, qui déroule depuis quelques années avec la lenteur et la minutie de l’obsession compulsive, une encyclopédie performée de la guerre. Il était logique qu’il la mette en image. En choisissant de s’intéresser aux cadres du combat et non à son incarnation héroïque, Jouannais vise juste. Ses « Topographies de la guerre », resserrées autour d’une (trop ?) courte liste d’une dizaine de photographes et de vidéastes, ont toutes moins de dix ans. D’où cette étrange impression de familiarité que l’on ressent devant ces paysages qu’on présume (parfois à tort) afghans ou irakiens, devant cette Afrique scarifiée par trente années de guerre civile en Angola.
La démonstration tendue et serrée est remarquablement accompagnée d’explications, car ces images résistent à la compréhension immédiate du visiteur. L’appréhension se fait alors en deux temps, l’observation suivie de la compréhension, ajustée comme une mise au point qui vient aider à cadrer le sujet et se révèle si juste. On pense alors au travail d’effacement de Pavel Maria Smejkal découvert à Arles cet été : des grandes icônes de la guerre comme celle de la place Tiananmen, le Slovaque a retiré l’homme et les chars, ne reste que la rue, revêche et sans bravoure. Le vrai visage de la guerre ?
Le Bal, 6, impasse de la Défense, Paris-18e, www.le-bal.fr, jusqu’au 18 décembre 2011.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sur les sentiers de la guerre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Sur les sentiers de la guerre