Suivre Raoul Dufy

Tous deux sont imprégnés par la rétrospective Cézanne de 1907. Dufy renonce aux tons de sa période fauve, il atténue le chromatisme de ses œuvres au profit d’une organisation structurée de l’espace et d’une géométrisation des formes. Dans sa série Arbres à l’Estaque de 1908, la structuration de l’espace s’effectue en plans superposés encadrés par des troncs infléchis en ogives. Alors que Braque va vers le cubisme, Dufy se dégage du fauvisme et restera cézannien jusqu’en 1919, mais en réintroduisant progressivement la couleur. Continuant d’interroger Cézanne, il en retire une notion d’espace élargi de « l’enveloppe spatiale » des objets représentés. Dans Le Jardin abandonné, il juxtapose tous les éléments : arbres, cage ou maison sans l’apport de la perspective, la touche directionnelle est très présente, pas de profondeur, mais un trou noir au centre du tableau. La comparaison avec Maison et jardin au Havre permet de suivre l’évolution stylistique de Dufy durant cette période : fidèle à la perspective inclinée de Cézanne, il génère une vue plongeante sur le compotier ; les formes s’ordonnent en hauteur, mais la composition n’est plus aussi compacte. En 1925, il abandonne la touche directionnelle : le style Dufy est né, avec ses grands aplats bleus et l’indépendance du dessin et de la couleur. La deuxième partie de l’exposition présente le Dufy connu du grand public. Ses œuvres montrent son talent de dessinateur. L’impressionnisme de ses premières œuvres, son adhésion au fauvisme, qui lui révèle « le miracle de l’imagination dans la couleur », et son attirance passagère pour le cubisme témoignent de l’esprit de recherche de Dufy. L’exposition de Caumont permet en outre de découvrir l’artiste sur de nombreux supports : peinture, aquarelle, dessin, en passant par la gravure et la céramique.