La peinture de Sue Williams serait généreuse à en croire certains critiques. Généreuse ? Voilà une bien étrange affirmation concernant la peinture. Comment diable une peinture peut-elle être généreuse ? Par le format ? Il est vrai que la taille de ses toiles reste le plus souvent imposante et monumentale. Non, en fait cette générosité viendrait « de couleurs plus vives, plus brillantes, plus gaies. » De telles inepties ne permettent pas de rendre hommage à une artiste qui depuis plusieurs années creuse dans la matière même de la peinture une lancinante interrogation sur le corps et sa sexualité. Fortement marquée par des violences qu’elle a subies lors de son adolescence, Sue Williams s’intéresse essentiellement à la représentation de la sexualité en tant que mode de communication brutale entre deux êtres. Ses fonds, le plus souvent blancs, laissent apparaître des personnages aux organes démesurés. Les femmes restent le plus souvent réduites au rang de simples objets offerts à la fantaisie d’hommes dominés par des pulsions dévastatrices. La jouissance n’est pas de ce monde. Et lorsqu’elle apparaît, c’est sous le sceau d’une communication basée sur l’affrontement, la négation du corps de l’autre au profit du pur plaisir. De toiles en toiles, dans le tracé sombre de ses coups de pinceaux, Sue Williams narre une seule et même histoire. Celle toujours renouvelée de cette tension sexuelle permanente qui existe dans tous nos actes, mêmes les plus anodins. Hommes et femmes ne sont que des animaux auxquels la culture a prêté le don de pouvoir domestiquer leurs instincts grâce au langage. Mais dans une époque où l’aliénation semble marquer nos vies, ces barrières s’évanouissent rapidement dans le pur hédonisme sexuel.
ZURICH, galerie Hauser & Wirth & Presenhuber, jusqu’au 18 décembre.
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Sue Williams, sexe féminin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Sue Williams, sexe féminin