Sudre, photographes de père en fils et fille

Le premier est un photographe, représentant de la photographie créative chère à Lemagny. Grand prix de la Biennale de Venise en 1957, il aime les procédés anciens comme le calotype. Mais il aime aussi manipuler, expérimenter… Dans les années 1960, il invente par exemple la cristallisation, un procédé issu du dépôt d’un sel bichromaté sur le verre qu’il met au service d’un imaginaire bien à lui, fait de papillons, de planètes, de natures mortes, etc. Claudine, elle, n’a pas connu la lumière comme son époux, mais, dans la chambre noire, est passée maître dans les tirages anciens. Travailleuse de l’ombre, elle a rendu leurs valeurs aux Nadar, Le Secq, Bayard, Atget…

Ensemble, ils ont mis leur science au service d’une génération de photographes venus fréquenter leur labo dès 1968, avec le premier stage expérimental photographique créé à Paris. De tous leurs élèves, c’est de leurs enfants qu’ils sont peut-être le plus fiers. De Dominique, leur fils né en 1948, et de Laurence, leur belle-fille, devenue épouse Sudre en 1969 : le premier perpétue la lignée d’un travail poétique et de l’enseignement, tandis que la seconde a gagné ses galons de portraitiste en photographiant Beuys, Hopper, Chéreau… De Fanny enfin, leur fille née en 1954, et de Jean Bernard, qui forment à leur tour un couple de photographes, reproduisant, dit-on, le schéma parental. Une grande lignée de photographes, dont le musée d’Issoudun nous offre une belle et salutaire photo de famille.