Petit à petit, avec appétit et pédagogie, le Kunstmuseum de Wolfsburg dévoile ses acquisitions. De petites plates-formes, laissant aux œuvres ainsi promises à l’éclairage muséal le temps et l’espace nécessaires pour se faire une juste place, le tout invariablement servi par d’ascétiques accrochages. Ces petites messes initiées au printemps 2000 ont fini par devenir de grands événements, bâtis comme de véritables expositions à petite échelle, autour de thématiques articulant l’ensemble de la solide collection du musée. La septième édition n’échappe pas à la règle. Placée sous le signe de la subversion, elle révèle quelques pièces majeures et récentes de quatre artistes particulièrement dorlotés par l’institution allemande : Georg Herold, Bruce Nauman, Manfred Pernice et le (sur)exposé duo suisse Peter Fischli et David Weiss. Un regroupement qui témoigne surtout de la place incontournable accordée à une pratique éminemment critique et décapante de l’art, doublée d’un ostensible socle intellectuel manipulé avec plus ou moins de bonheur. Les quatre artistes explorent dans un même élan épicé notre environnement quotidien. Désinformation, absurdité, aliénation, incompétence à communiquer, les installations passent en revue avec irrévérence ou sérieux la place de l’individu dans la société moderne. Toutes impliquant, d’une manière ou d’une autre, le spectateur dans des environnements ou des situations déstabilisantes. La plate-forme présente les architectures sèches et non fonctionnelles de Manfred Pernice, les collages caustiques d’Herold, les dispositifs interactifs de Fischli et Weiss et le tableau tragi-comique dressé par Bruce Nauman. La condition humaine ainsi pointée dans son incertitude et son absurdité livre au spectateur une somme ouverte de conflits d’interprétation, de glissements sémantiques, redoublés ou vidés par la pratique même de l’art. En plus de l’équipement complexe et efficace proposé par Nauman, l’installation de Pernice confirme ici ses habitudes de sobre puissance.
Des ustensiles ordinaires, bric-à-brac hétérogène, fragmenté, rugueux coexistent dans des containers et trempent le spectateur au cœur d’un univers inepte et absurde, l’obligeant à isoler chacun des objets pour ne pas se noyer dans la somme insensée de la perception quotidienne.
« Baustellen der Subversion, Update # 7 », WOLFSBURG (Allemagne), Kunstmuseum, Porschestr 53, tél. 05 361 26 690, jusqu’au 23 novembre.
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Subversif !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : Subversif !