En prologue à l’exposition « Qu’est-ce que la sculpture moderne ? », organisée en 1986 par le Centre Pompidou, avaient été réunies deux figures majeures de la fin du XIXe siècle, Auguste Rodin et Paul Gauguin.
Ce faisant, les responsables de cette manifestation tenaient à célébrer ceux-là mêmes qui avaient réussi à conjuguer tradition et modernité. S’ils célébraient en l’auteur du magistral Monument à Balzac celui qui privilégiait la vérité à la réalité, ils rendaient grâce à Gauguin d’avoir démontré le potentiel pérenne et prospectif de la taille directe.
On jugera peut-être excessif de placer la démarche de Stephan Balkenhol sous une telle tutelle, et pourtant… L’art de cet Allemand, né en 1957 à Fritzlar, installé à Meisenthal en Lorraine depuis près de vingt ans, tient d’ailleurs non seulement à l’exemple duel de ses aînés, mais à une tradition de la sculpture polychrome qui remonte bien plus avant. De même qu’il multiplie les formes, passant du bas-relief à la ronde-bosse, voire à la combinaison des deux, il en appelle volontiers tant au burin et aux ciseaux qu’à la scie électrique.
Stephan Balkenhol est d’abord et avant tout préoccupé par la figure humaine. Son œuvre en décline une galerie des plus prolixes qui fait la part belle à tout un peuple anonyme et banal qui va du cadre costumé et cravaté à l’ouvrier en bleu de travail et de la figure féminine nue à la femme bien sous tous rapports. Du moins était-ce là, dans les années 1980, l’iconographie qui l’a fait connaître, mais qu’il augmentait au fil du temps de figures animales aux allures parfois anthropomorphes. Ainsi le catalogue de ses œuvres s’offre-t-il à voir comme la possible illustration du monde aujourd’hui, dimension et analyse psychologiques à l’appui.
Outre l’aspect quelque peu expressionniste que Balkenhol donne à ses figures, dont les chairs sont laissées brutes alors que ne sont peints que les éléments simplifiés du visage et des vêtements, l’artiste se plaît à jouer tant des volumes que de la notion d’échelle. Isolées ou en groupe, toujours solidaires de leur socle, sinon de leur fond, les figures sculptées de Stephan Balkenhol nous renvoient une image de nous-mêmes qui ne peut nous laisser indifférents. Elles sont chargées d’une telle présence qu’elles nous invitent à un échange dans le silence enfoui de notre être.
« Stephan Balkenhol », musée de Grenoble, 5, place Lavalette, Grenoble (38), www.museedegrenoble.fr, jusqu’au 23 janvier 2011.
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Stephan Balkenhol - Sculptures réfléchissantes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°630 du 1 décembre 2010, avec le titre suivant : Stephan Balkenhol - Sculptures réfléchissantes