Le temps a suspendu son vol : il émane de nombre d’expositions consacrées à l’Égypte antique un sentiment d’éternité.
L’exposition « Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata » plonge le visiteur au contraire dans le bruit et la fureur de l’histoire égyptienne. Au VIIIe siècle, alors que la brillante dynastie des Ramsès s’est éteinte, l’Égypte s’est divisée. En Nubie, un royaume imprégné de l’art et de la religion des pharaons, le Royaume de Kouch, se constitue. Depuis Napata, sa capitale, qui se situe près de la Montagne pure du Djebel Barkal, au cœur du Soudan actuel, le roi Piânkhy part à la conquête du nord de la vallée de l’Égypte. Ses successeurs réunifieront les royaumes de Deux Terres : l’Égypte et le pays de Kouch, pour fonder la 25e dynastie, la dynastie kouchite, qui règnera jusqu’en 655 av. J.-C. La Bible gardera la mémoire de son roi le plus célèbre et le plus puissant, Taharqa, dont le règne fut marqué par de glorieuses victoires et de violents revers face aux Assyriens. C’est l’épopée que relate l’exposition du Louvre. Le parcours est pointu, et sans doute est-il opportun d’avoir préparé sa visite pour goûter pleinement les récits que nous livrent les œuvres – celui, par exemple, d’un monumental bélier d’Amon protégeant Aménophis III, qui, parce qu’il incarne la puissance divine et royale, fut transporté depuis le temple de Soleb jusqu’au Djebel Barkal sous le règne de Piânkhy, ou celui d’un sphynx au nom d’une de ces divines adoratrices qui rappelle qu’elles étaient un relais du pharaon auprès du temple d’Amon à Thèbes. Après nous avoir conté la chute de la dynastie kouchite suite aux sacs sanglants de Thèbes et de Napata, l’exposition s’achève sur un ensemble de sept sculptures de cinq de ses pharaons aux noms chantants : Taharqa, Tanouétamani, Senkamanisken, Anlamani et Aspelta. Ces reconstitutions de statues retrouvées en 2003, brisées, dans une fosse de Doukki-Gel, qui fut une des villes saintes du royaume de Napata, nous donnent à contempler ce que furent peut-être ces dernières à l’acmée de leur gloire, coiffées d’or et de lumière.
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Splendeurs et misères des Pharaons de Napata
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Splendeurs et misères des Pharaons de Napata