Soth, lent et solitaire

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 avril 2008 - 263 mots

Alec Soth possède sans doute autant de kilomètres au compteur de sa voiture que de clichés dans la tête ; ceux qu’il a déjà composés bien sûr, mais aussi ceux qu’il entend encore réaliser, et tous les autres puisés dans le livre culte \"Les Américains\" de Robert Frank.

De ce dernier, dont il revendique la filiation, le photographe américain né en 1969 a retenu le goût du voyage et de la quête d’images. Images au pluriel !, car, pour lui, une photographie ne se pense jamais seule, sans la compagnie d’autres clichés, « en série ».
Avec son aîné, Alec Soth partage autre chose, le besoin de solitude et de lenteur. Ainsi pour la série « Sleeping by the Mississippi » Alec Soth a passé trois ans à arpenter le fleuve, du Minnesota jusqu’à Memphis, se fixant pour contrainte de ne jamais s’en éloigner de plus d’une demi-heure de route. Chaque fois le même déclic opère : un paysage, un visage ou une couleur retiennent son attention, Soth stoppe son automobile, sort son trépied et charge sa chambre grand format d’un film négatif couleur Kodak. Si le procédé est lourd, coûteux et long, il garantit au photographe le « piqué » tant désiré. Et tant pis si Alec Soth doit suer à grosses gouttes pendant que son modèle patiente sagement. Car l’important, pour l’artiste, n’est pas l’autre, mais l’espace qui sépare le photographe de son sujet. Sibyllin, mais poétique. nF. S.

Voir

« Alec Soth, l’espace entre nous », Jeu de paume, 1, place de la Concorde, Paris VIIIe, www.jeudepaume.org, jusqu’au 15 juin 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°602 du 1 mai 2008, avec le titre suivant : Soth, lent et solitaire

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