Art Contemporain - Si le nom de Christian Marclay ne vous dit rien, peut-être vous souvenez-vous de sa vidéo The Clock, fascinant montage de milliers d’extraits de films et de séries télé qui donne à voir – et à entendre – le temps s’écouler, minute après minute, durant une boucle de 24 heures.
Lauréate du Lion d’or à Venise en 2011, cette œuvre n’est pas présente dans l’exposition quasi rétrospective que le Centre Pompidou consacre à l’artiste suisse-américain, né en Californie en 1955. Un choix dicté par la difficulté d’ouvrir au public l’exposition 24 heures d’affilée, mais qui donne l’occasion au visiteur de se concentrer sur le reste d’une œuvre tout aussi jubilatoire. Artiste multimédia, Christian Marclay puise ses matériaux dans la culture populaire depuis la fin des années 1970 : le cinéma, donc, mais aussi la bande dessinée et, surtout, la musique et le son. Artiste et musicien – il est le fondateur du groupe The Bachelors, en 1979 –, Marclay commence par récupérer des disques vinyles au début des années 1980, qu’il coupe et recouvre de scotch et de peinture, avant de les assembler pour les rendre de nouveau « audibles ». En 1999, il compose ainsi, à la manière d’un DJ, une vidéo-collage de la diffusion de plusieurs de ces disques et dont le montage crée une œuvre autant visuelle (les disques tournant sur la platine) que sonore, qui n’a rien à envier à la musique concrète ou techno (Gestures). À partir des pochettes de disques, il recompose ensuite de savoureuses images, où le buste du pianiste de jazz Stan Kenton de la pochette de l’album Kenton in Hi-FI, se retrouve, par exemple, dans le prolongement des superbes jambes féminines qui illustrent un album de la chanteuse de blues Lou Ann Barton. Toutes ces œuvres sont présentées dans le parcours aéré de l’exposition du Centre Pompidou, comme la série des instruments qu’il revisite jusqu’à l’absurde, à l’instar d’un accordéon devenu injouable en raison de son soufflet de plusieurs mètres (Virtuoso, 2000) – précisons, ici, que Marclay a été formé à la sculpture aux Beaux-Arts de Genève et au Massachussetts College of Art de Boston. Mais ce sont deux installations vidéo qui composent les temps forts de l’exposition. La première, Video Quartet (2002), compile sur quatre écrans, durant 14 minutes, des dizaines de passages musicaux extraits de films et de documentaires (on y reconnaît notamment Maria Callas, Marilyn Monroe, Louis Armstrong, Frank Sinatra et même Bert, le ramoneur percussionniste de Mary Poppins). Une vraie symphonie visuelle ! La seconde, Doors (2022), compile également des extraits de films dans un vaudeville ininterrompu de portes qui s’ouvrent et se ferment. Le résultat est aussi captivant que The Clock, pour ne pas dire génial, comme son auteur dont il faut absolument retenir le nom : Christian Marclay.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Son pour son Marclay
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°761 du 1 janvier 2023, avec le titre suivant : Son pour son Marclay