Peinture italienne

Sienne versus Florence

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2009 - 578 mots

La collection de primitifs italiens conservée à Altenbourg, en Allemagne, est présentée pour la première fois en France, au Musée Jacquemart-André.

PARIS - Trois ans après l’exposition des primitifs italiens du Musée Jacquemart-André au Lindenau-Museum à Altenbourg, c’est au tour de l’institution parisienne d’accueillir les chefs-d’œuvre du musée allemand. La collection d’Altenbourg offre « un des plus purs témoignages » de ces artistes du Trecento et du Quattrocento redécouverts par les amateurs et historiens de l’art au XIXe siècle, comme le souligne Michel Laclotte dans le catalogue. Le président-directeur honoraire du Musée du Louvre a épaulé Nicolas Sainte Fare Garnot, directeur du Musée Jacquemart-André, pour sélectionner une quarantaine de pièces parmi les cent quatre-vingts que compte la collection Altenbourg. L’ensemble témoigne de deux courants majeurs italiens : l’école de Sienne, représentée par Guido Da Siena, Pietro Lorenzetti, Lippo Memmi, Giovanni Di Paolo ou Sano Di Pietro, et l’école de Florence, avec Bernardo Daddi, Fra Angelico, Lorenzo Monaco ou Filippo Lippi. Certains retables et polyptyques démembrés ont pu être reconstitués grâce à des prêts complémentaires. Ainsi du polyptyque de Guido Da Siena sur La Vie du Christ (vers 1270-1780), dont est proposée une reconstitution grâce à la collaboration du Louvre et de la Pinacothèque nationale de Sienne. Également reconstitué, le polyptyque aux Saints assis (vers 1320) de Lippo Memmi atteste des recherches de l’artiste sur la notion de perspective. En choisissant, dans cette œuvre, de représenter les saints en pied et non plus en buste, l’artiste que Nicolas Sainte Fare Garnot décrit comme l’« alter ego de Simone Martini », « renouvelle la formule des retables ». Il est exposé aux côtés d’une figure non moins essentielle de l’école siennoise : Pietro Lorenzetti, avec un diptyque (1340-1345) composé d’une Vierge à l’Enfant (malheureusement endommagée par des repeints ultérieurs) et d’un Christ de pitié d’une grande délicatesse d’exécution. Si Nicolas Sainte Fare Garnot considère la première partie du parcours comme la plus innovante, la seconde, consacrée à l’école florentine, demeure d’une grande richesse. À commencer par ce triptyque portatif présentant la Vierge en majesté de Bernardo Daddi (1340-1345), dans un remarquable état de conservation. Le passage au siècle suivant trouve un éminent représentant en la personne de Dom Lorenzo Monaco dont la Fuite en Égypte (1405-1410) adopte les traits du gothique international. Citons enfin la série de Fra Angelico sur la vie de saint François (vers 1429) : La Preuve par le feu d’Altenbourg retrouve, le temps de l’exposition, Les Stigmates de saint François, œuvre prêtée par le Vatican, La Rencontre des saints François et Dominique et L’Apparition de saint François à Arles, conservées à Berlin. À travers les reconstitutions ici proposées, le Musée Jacquemart André permet d’accéder aux enjeux scientifiques de l’historien de l’art. Le parcours peut, et doit, se poursuivre dans les espaces permanents du musée parisien dont les collections sont « parfaitement complémentaires » à celles du Musée d’Altenbourg, conclut Michel Laclotte. Elles proposent en effet « un panorama impressionnant des grandes tendances de la peinture italienne de Guido Da Siena à Giovanni Bellini ».

DE SIENNE À FLORENCE, LES PRIMITIFS ITALIENS. LA COLLECTION D’ALTENBOURG, jusqu’au 21 juin, Musée Jacquemart-André, 153, boulevard Haussmann, 75008 Paris, tlj 10h-18h, tél. 01 53 77 66 00, www.musee-jacquemart-andre.com. Catalogue, éd. Fonds Mercator, Bruxelles, 2009, 39 euros, ISBN 978-90-6153-877-6

LA COLLECTION D’ALTENBOURG
Commissariat scientifique : Michel Laclotte, président-directeur honoraire du Musée du Louvre
Commissariat : Nicolas Sainte Fare Garnot, directeur du Musée Jacquemart-André
Scénographie : Hubert Le Gall
Nombre d’œuvres : 49

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : Sienne versus Florence

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