S’habiller dans l’Égypte ancienne

Une chaussette d’enfant colorée, avec le gros orteil séparé pour pouvoir être portée avec des sandales (des tongs). Si l’exposition « De lin et de laine », consacrée aux textiles égyptiens des époques romaine, byzantine et islamique est si captivante, c’est sans doute parce qu’elle semble donner vie aux personnes qui les ont portés ou en ont décoré leurs demeures… Présenté pour la première fois dans son intégralité, l’ensemble des deux cent dix tissus égyptiens de la donation Fill-Trevisiol au Musée royal de Mariemont, près de La Louvière, en Belgique, constitue un des rares témoignages des habitudes vestimentaires de l’Antiquité. À travers ces pièces, cette exposition très didactique – par ailleurs soutenue par des recherches scientifiques pointues – nous entraîne aussi bien à la rencontre des artisans, en présentant leurs outils et techniques de tissage, qu’à la découverte des matériaux – au Ier millénaire, on ne savait teindre que la laine, non le lin – ou des motifs à la mode. Mais si le parcours nous plonge dans le quotidien de l’Égypte au Ier millénaire, il nous fait aussi voyager aux XIXe et début du XXe siècle, en mettant en lumière ceux qui ont exhumé les tissus dans les tombes, avant de les découper pour en vendre davantage, ou qui, ultérieurement, ont pu en coudre les fragments pour créer des patchworks, présentés comme des pièces antiques ! On se pique de curiosité, on s’émeut, on s’amuse. Et l’on s’émerveille de la délicatesse des motifs et des couleurs de ces étoffes, miraculeusement conservées grâce au climat sec et chaud du désert.