Serial designer

Andy Warhol ad vitam eternam

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2000 - 341 mots

À partir du fameux procédé sériel de l’artiste et autour d’une centaine d’œuvres, la Fondation Beyeler consacre une nouvelle rétrospective à Andy Warhol, leader du mouvement pop’art, star médiatique toutes catégories confondues et incarnation du New York des années 1960-1980.

BÂLE - “Si vous prenez une boîte de soupe Campbell et si vous la reproduisez plusieurs fois, vous n’êtes pas intéressé par l’image visuelle ; ce qui vous intéresse, c’est le concept qui veut mettre 50 boîtes de conserve de soupe Campbell sur une toile.” Tels étaient les mots de Marcel Duchamp pour décrire le travail d’Andy Warhol. Reproduisant sans fin des motifs nés de la société de consommation américaine (conserves, corn flakes, bouteilles de Pepsi ou de Coca-Cola), son art s’est aussi inspiré des tragédies du quotidien : accidents de voitures, incendies, suicides... Réunies pour l’occasion les Catastrophes, réalisées à partir de coupures de presse, forment d’interminables séries au caractère fascinant et obsédant. Selon Rauschenberg, Warhol possédait “une main démoniaque” pour tout rendre séduisant... Ses diverses représentations de la chaise électrique évoquent chez le spectateur un sentiment d’impuissance face à un objet apparemment anodin et dont la fonction n’est révélée que par le mot “silence” (visible dans le fond) rappelant brutalement que le condamné a un public. La Fondation nous permet de retrouver les premières sérigraphies de l’artiste parmi lesquelles se trouvent les portraits d’idoles des adolescents, devenues de véritables icônes : Elvis Presley, Warren Beatty, Liz Taylor et bien sûr Marilyn dans les tons bleu, turquoise, rouge ou orange. Le thème de la mort et le culte du vedettariat convergent pour donner Twelve Jackies (1964), tandis que des œuvres comme Oxydation de peinture (1978) ou Fantômes (1978) marquent une nouvelle étape dans son approche artistique, proche de l’Expressionnisme abstrait. Certains des films de Warhol accompagnent la manifestation, montrant à quel point ce mode d’expression l’a influencé.

- ANDY WARHOL – SERIES AND SINGLES, jusqu’au 25 décembre, Fondation Beyeler, Baselstrasse 77, CH-4125 Bâle, Suisse, tél. 41 (0)61 645 97 19, tlj, 10h-18h et 20h mercr., catalogue 216 p., 240 F.

Warhol aussi à l’Est

Dans les années quatre-vingt, Andy Warhol avait envoyé aux artistes de Saint-Pétersbourg ses fameuses boîtes de soupe Campbell, remplies et dédicacées. Grande première en Russie : la ville accueille actuellement une exposition consacrée à l’artiste américain, au Musée de l’Ermitage, jusqu’au 28 novembre. Les œuvres feront ensuite le tour de douze métropoles du sud et de l’est de l’Europe, parmi lesquelles Moscou, Kiev (Ukraine), Vilnius (Lituanie), Bratislava (Slovaquie), Zagreb (Croatie) et Istanbul (Turquie).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°115 du 17 novembre 2000, avec le titre suivant : Serial designer

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