Sept lauréats pour un prix collectif

Mais cette année, le prix ne viendra pas départager les sept artistes exposés : Clémentine Adou, Madison Bycroft, HaYoung, Charlotte Houette, Lenio Kaklea, Paul Maheke et Mona Varichon. « Tous sont exceptionnellement lauréats ! », a déclaré Antonia Scintilla, directrice de la Fondation, expliquant que « les artistes […] ont en effet souhaité nous faire part de leurs préoccupations quant à une forme de mise en concurrence ». Ce rejet de la compétition dans l’art s’est déjà manifesté dans d’autres contextes, à l’instar du Turner Prize 2019, attribué à l’ensemble des artistes en lice. Les sentiments et les affects sont placés au cœur de l’exposition, intitulée en référence à la formule « All the messages are emotional » de l’autrice et universitaire américaine Lauren Berlan (1957-2021), dont le catalogue offre à cette occasion la première traduction en français. Les œuvres présentées (vidéo, peinture, sculpture, performance…) invitent, selon la commissaire, à considérer l’affect comme « une stratégie de non-normativité ». Boîtes géométriques de Clémentine Adou (Neutral Box et Visible / invisible, 2021) ; installation de Madison Bycroft (Waterlogue, Four on the Floor, vidéo multicanaux et sculptures) qui met en parallèle différentes formes de fluidités ; diagramme de HaYoung sur le trouble linguistique, du coréen au français ; peintures graphiques de Charlotte Houette ; alphabet chorégraphique de Lenio Kaklea (An Alphabet for the Camera, 2024) ; retranscriptions filmiques de conversations téléphoniques de Mona Varichon avec sa mère. Enfin, outre son installation emblématique Purple Chamber (2023), Paul Maheke (déjà nommé en 2021) a voulu présenter la captation vidéo d’une performance, Taboo Durag (2021), réalisée à la suite du traumatisme d’une agression sexuelle. Formellement très abouties, les œuvres sont inégales, et toutes finalement assez conformes aux canons de l’époque.