Sekula et la photographie comme combat

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2000 - 238 mots

Un bâtiment russe rongé par la rouille et reposant sagement sur une mer d’azur quelque peu « poussée » au tirage : cette photographie d’Allan Sekula trône en majesté dans l’exposition de l’artiste au CCC de Tours, comme les images sacrées trônent dans les lieux de culte, animées par la charge troublante de la projection iconographique d’une utopie à laquelle l’on a pu croire et qui tombe aujourd’hui en ruine.

Prenant le parti d’une photographie documentaire qui ne cache pas son militantisme politique, l’artiste traque de par le monde des images clés souvent symboliques des échanges commerciaux à l’échelle internationale. Il présente au CCC le triptyque Dear Bill Gates, témoin de son passage à la nage devant la maison du patron de Microsoft. Allan Sekula s’est également fendu d’une lettre au chef d’entreprise s’insurgeant contre son achat, pour trente millions de dollars, d’un tableau de Winslow Homer, Perdus dans le Grand-Banc. L’exposition tourangelle propose encore un diaporama constitué d’environ quatre-vingts clichés pris lors des manifestations à Seattle contre la réunion de l’OMC. Moins construites, ces images saisies sur le vif jouent clairement la carte du reportage. Les compositions sont davantage recherchées dans les photographies ailleurs présentées, notamment celles – majoritaires ici – qu’Allan Sekula a prises lors de sa résidence à l’Atelier Calder de Saché en 1998-1999.

ALLAN SEKULA, TITANIC’S WAKE

Jusqu’au 4 mars, CCC, 53-55 rue Marcel Tribut, 37000 Tours, tél. 02 47 66 50 00, mercredi-dimanche 15h-19h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Sekula et la photographie comme combat

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