À deux pas du palais du Festival international du film de Cannes, Numa Hambursin, directeur du Pôle art moderne et contemporain de la ville, déroule au centre d’art La Malmaison le tapis rouge au tandem Pierre et Gilles, passionné par le septième art, pour orchestrer une exposition monographique inédite fêtant les liaisons heureuses entre arts plastiques et cinéma.
Au sein d’un circuit soigné, aux cimaises diversement colorées mettant pleinement en valeur l’imagerie pop du duo d’artistes, les visiteurs découvrent une quarantaine de photographies peintes à la main filant la métaphore avec le cinéma. Il y a d’abord les acteurs et actrices connus ayant posé pour Pierre et Gilles, tels Isabelle Huppert, Jérémie Renier ou Charlotte Rampling, pour des affiches de films, pour des couvertures de magazines ou bien encore pour des rôles de composition inventés malicieusement par les deux plasticiens. Puis, il y a toutes ces toiles en hommage à l’histoire du cinéma mâtinant mythologies contemporaines engendrées par cet art populaire (Bardot, Star Wars…) et films célèbres : Les Valseuses de Blier, Alice au pays des merveilles de Burton, etc. Enfin, il y a cette salle fascinante, véritable clou de l’expo, qui présente pour la première fois un décor construit de manière artisanale chez eux, dans la tradition de Méliès, ayant permis la réalisation de leur dernier « tableau », Le Vendeur de tours Eiffel. Au final, en suivant le déroulé d’un album de famille foutraque croisant anonymes et stars de celluloïd, on a l’impression d’être plongé dans un long métrage signé Pierre et Gilles, à la fois film d’auteur et grand spectacle hollywoodien, qui ferait la part belle à l’imaginaire du regardeur pour qu’il prolonge le spectacle à la fin de la projection. Bref, séance ciné réussie !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Se faire une toile avec Pierre et Gilles !