Sculpteurs caribéens

En effet, l’exposition interroge, entre autres, le regard surplombant et condescendant que porte l’Hexagone sur les territoires dits « ultramarins ». C’est également ce dont témoigne le titre, « Des grains de poussière sur la mer », une expression qu’a utilisée Charles de Gaulle en 1964, alors président de la République, pour désigner l’archipel caribéen vu du ciel. Avec la volonté de dépasser les clichés et de ne pas tomber dans l’écueil d’une tentative de définition d’un art spécifiquement caribéen, la commissaire, Arden Sherman, a souhaité s’intéresser à la sculpture contemporaine. Ainsi, elle a rassemblé 28 artistes de différentes générations, nés ou vivant en Martinique, Guadeloupe, Guyane et Haïti, afin de former « un réseau d’idées autour du patrimoine, de l’histoire, de l’identité, du corps social et de la politique ». Le résultat est plutôt réussi, et des dialogues se tissent entre des œuvres conceptuellement et formellement très diverses. On découvre notamment des pièces de jeunes artistes dont la notoriété ne cesse de croître : Raphaël Barontini (qui a récemment investi le Panthéon), Gaëlle Choisne, Kenny Dunkan ou encore Tabita ­Rezaire. Cette exposition, qui a déjà été présentée plusieurs fois aux États-Unis et dans des centres d’art français, s’insère, à Marseille, dans une programmation plus large intitulée « Un champ d’îles ». Celle-ci, occupant tous les espaces de la Friche la Belle de mai pendant quelques mois, propose un « focus sur les scènes contemporaines ultramarines ».