Une passionnante histoire de la sphère à travers plus de 90 projets exposés à la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Paris. La découverte de la Terre et du ciel fascine toujours et encore. Leurs représentations aussi. Aux côtés d’une ribambelle d’astronomes, de géographes et d’autres peintres, moult architectes ont, au fil des siècles, mis la main à la pâte, si bien que la forme du globe n’a eu de cesse de hanter l’histoire de l’architecture. Dans le corpus des volumes qui fascinent par leur charge symbolique, la sphère se situe d’ailleurs à l’égal de l’arche ou de la pyramide. C’est ce qu’évoque cette exposition ambitieuse et remarquable intitulée « Globes, architecture et sciences explorent le monde », installée à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris. Décortiqués à travers dessins, photographies, films, maquettes et une poignée de casques de réalité virtuelle, 90 projets, construits ou pas, datant de l’Antiquité à nos jours retracent la saga de ces constructions, souvent spectaculaires, et de leurs auteurs.
Les grandes expositions qui vont se multiplier à travers la planète se chargeront de diffuser cet outil servant autant à la distraction qu’à l’éducation ou à la recherche. En 1967, à l’Exposition universelle de Montréal, le pavillon des États-Unis signé Peter Chermayeff et Richard Buckminster Fuller est une sphère géodésique (diamètre : 76 m), à la précision d’exécution quasi démiurgique.
La figuration de la Terre et du ciel revient, en réalité, à briser un tabou : celui d’imiter la nature par l’architecture. Le fameux Cénotaphe à Newton qu’Étienne-Louis Boullée élabore en 1784 - illustré par des dessins et une maquette en plâtre - fera ô combien école par la suite. En 1928, à Dresde, Peter Birkenholz inaugure la Kugelhaus, surprenant immeuble sphérique (diamètre : 24 m). En pleine guerre froide, Oscar Newman, lui, enterre une « ville-boule », Atomic City (1969), dans le sous-sol de New York, afin de la « protéger d’une pluie atomique ». Une décennie plus tard, la science-fiction s’empare de cette silhouette idéale, à l’instar de la Death Star [« L’Étoile de la mort »] de la saga Star Wars, sphère blindée géante dissimulant une station spatiale. Une référence dont ne se privera pas Rem Koolhaas, en 2006, lorsqu’il conçoit un centre de congrès et d’expositions (diamètre : 200 m) pour l’émirat de Ras al-Khaimah, projet pour l’heure toujours dans les cartons.
Plus proche de la réalité, l’ingénieur américain Bryan Beaulieu œuvre, depuis 1993, à la réalisation du Great Globe Project, globe rotatif d’un diamètre de 128 mètres, prêt à être érigé dans le désert de Sonora, en Arizona, dont on peut voir une impressionnante maquette à l’échelle 1/87e. Les Indiens de la tribu Tohono O’odham ont, paraît-il, donné leur accord pour son implantation dans leur réserve. À noter enfin : le catalogue (384 pages, éd. Norma), conçu sous la direction du commissaire de l’exposition, Yann Rocher, architecte et enseignant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais, est une somme, épopée chronologique scandée par douze textes (passionnants), dont celui de l’ingénieur en aéronautique Hervé Bérenger.
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Sciences et art : l’épopée du globe
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Abonnez-vous dès 1 €Jean-Baptiste Nolin, Arnould de Vuez, Modèle du globe céleste pour l’année 1700 par Vincente Coronelli : pôle septentrional, estampe © Photo : RMN / Thierry Le Mage
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : Sciences et art : l’épopée du globe