Si ce n’est qu’à l’âge de 51 ans qu’il fait sa première exposition personnelle à la Galerie Lydia Conti, en 1947, Gérard Schneider (1896-1986) ne manque pas alors d’attirer l’attention sur lui.
Le critique d’art Charles Estienne salue dans ses œuvres « une force, un aplomb et une liberté » qui inaugurent de nouvelles potentialités pour la peinture abstraite. L’artiste, d’origine suisse, est venu s’installer à Paris en 1916 pour suivre les cours de l’École des beaux-arts. Il s’y fixe définitivement en 1922. Émule de Cézanne, il développe tout d’abord une œuvre faite pour l’essentiel de natures mortes. Le temps l’emporte peu à peu dans une abstraction où pointent dans les années 1930 les prémisses d’une peinture gestuelle, qui trouve son accomplissement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en plein cœur d’une abstraction lyrique.
Compagnon de route de toute une génération qui compte notamment Bazaine, Manessier, Hartung, Ubac et Singier, Gérard Schneider va se distinguer par une esthétique qui fait la part belle au geste, à la trace et à la matière. Ses peintures des années 1950-1960 témoignent d’une même énergie, voire d’une même violence que celles de ses contemporains de l’expressionnisme abstrait américain. De grands coups de brosse qui cinglent la surface du tableau, un savant travail d’effraction de la lumière, une rare puissance à faire éclater la matière picturale pour lui donner forme.
L’art quelque peu injustement oublié de Schneider est pourtant riche d’une histoire qu’il a participé à porter au plus haut de la scène internationale, alors que la France rayonnait encore de tous ses feux sur le monde. Quelque chose d’une résistance et d’une tension est à l’œuvre dans la peinture de Gérard Schneider qui lui confère une dimension dynamique singulière, à ce point qu’une œuvre du peintre se dit toujours elle-même d’emblée. Simple question de signe qui scelle l’identité d’un individu dans l’incarné de la matière.
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Schneider celui qui fait signe
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Abonnez-vous dès 1 €« Gérard Schneider. Rétrospective », Musée des beaux-arts, 1, rue Fernand-Rabier, Orléans (45), www.orleans.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°657 du 1 mai 2013, avec le titre suivant : Schneider celui qui fait signe