Une petite ruelle sombre. Blottie dans son grand châle, une jeune femme avance à grands pas. L’atmosphère est froide. On le devine, il vient de pleuvoir et elle rentre chez elle. Intitulé Rue à Venise (1882), ce tableau de John Singer Sargent (1856-1925) est certainement l’un des chefs-d’œuvre de l’exposition consacrée à l’artiste en ce moment à Venise. Bien que mondialement connu au début du xxe siècle pour ses portraits de la haute bourgeoisie, Sargent était aussi un peintre de paysages, d’architecture et de scènes de vie.
Amoureux de Venise, qu’il découvrit à l’âge de quatorze ans, l’artiste ne cessa d’y revenir toute sa vie. Comme son ami Monet, il installa un atelier sur une gondole et dessina ses bâtiments préférés, à différentes heures du jour. Prenant le contre-pied de la tradition topographique, il fit des tableaux d’une grande modernité, préférant toujours une perspective oblique et une lumière affaiblie par la pluie, la brume ou le crépuscule. Il réalisa à l’aquarelle des œuvres d’une rare finesse, effleurant à peine sa toile pour suggérer la chaleur d’un rayon de soleil sur une façade de bâtiment. Dans ses scènes de vie, il traduisit aussi bien l’intimité calfeutrée d’un intérieur bourgeois (Un intérieur à Venise, 1898) que la pauvreté d’une boutique d’ouvrières (Boutique de vin vénitien, 1902-1907). Un très bel hommage à ce peintre peu connu en France (le Petit Palais comble cette lacune, voir L’œil n° 589), et à la Sérénissime.
« Sargent et Venise », Musei Civici Veneziani, San Marco 52, Venise,(Italie), tél. 00 39 041 240 5211 www.museiciviciveneziani.it, jusqu’au 22 juillet 2007.
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Sargent, de retour à Venise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : Sargent, de retour à Venise