SAINT-ETIENNE
Dans le cadre de son 30e anniversaire, le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne (MAMC), en partenariat avec le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg qui, au printemps prochain, proposera une exposition de l’artiste consacrée à la diversité des médiums abordés (peinture, gravure, installation), donne carte blanche à Damien Deroubaix pour montrer sa démarche picturale, croisant figurations détaillées et grandes zones gestuelles abstraites.
On avait quitté Damien Deroubaix aux Sables-d’Olonne en 2015 pour son exposition « L’esprit de notre temps », à l’abbaye Sainte-Croix, quelque peu embêté tant l’influence du Guernica de Picasso y était écrasante, voire sclérosante – à tel point que, dans l’expo récente « Guernica » du Musée Picasso de Paris, on retrouvait encore un immense bois gravé signé… Deroubaix rendant hommage à ce tableau légendaire ! –, mais, fort heureusement, à Saint-Étienne, qui décidément lui réussit (il a été formé à l’école des beaux-arts de la ville), ce peintre et graveur talentueux, né à Lille en 1972, élargit son répertoire de références – certes, il y a toujours Picasso, mais aussi Delacroix, Goya, Duchamp, les fétiches Nkisi de culture africaine, ainsi que le death metal – pour nous présenter sa vision de la peinture : « Une œuvre est de la pensée avant tout. C’est ça la puissance. Ce qu’il y a de plus fort. » Le clou de cette manifestation est assurément une salle multimédia foutraque qui, en concentrant les influences variées (de Chaplin à Godard via des vidéoclips de rock metal), dévoile abruptement le chaos de l’atelier de cet expressionniste à l’esthétique trash.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Saint-Étienne réussit à Damien Deroubaix !