Liverpool, capitale européenne de la culture, s’offre comme entrée en matière une rétrospective majeure et extensive de l’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle.
Depuis ses toutes premières œuvres de jeunesse réalisées dans les années 1950 jusqu’aux créations tardives des années 1990 avant qu’elle ne décède en 2002, la Tate de Liverpool a mis les petits plats dans les grands et misé sur l’exhaustivité.
Rarement une artiste aura connu autant de pics de reconnaissance que Niki de Saint Phalle. Son arrivée fracassante dans le groupe des nouveaux réalistes en 1961 se fait à la carabine. Elle présente en effet pour sa première exposition intitulée « Feu à volonté » ses Tirs. Avec le concours de Jasper Johns et de Robert Rauschenberg, elle soumet au tir par balle des compositions de plâtre et de petits sacs remplis de peinture. Elle entend ainsi offrir une version plus virile et violente de l’Action Painting de Jackson Pollock, moins romantique et beaucoup plus caustique en termes de coulures picturales !
Elle suspend cependant cette pratique ultramédiatique en 1963, déclarant qu’elle devenait accro comme avec une drogue. Elle se met alors à modeler des poupées en papier mâché, prototypes de ses fameuses Nanas. Avec ses grosses bonnes femmes exubérantes et joyeuses au féminisme outrancier, Niki de Saint Phalle opère une conquête séduisante du monde de l’art et quitte le cercle des nouveaux réalistes. En 1966, elle réalise pour le Moderna Museet de Stockholm une Nana de vingt-huit mètres de long dans laquelle le public peut rentrer pour s’installer au bar ou regarder un film sur grand écran !
Toujours active, l’artiste s’essaye dans les années 1970 au film avec Daddy en 1972 puis Un rêve plus long que la nuit en 1975. Graphisme et conception de meubles l’attirent, puis elle se consacre à la conception d’un énorme projet, son Jardin des tarots en Toscane, à Garavicchio. Mariée au sculpteur Jean Tinguely en 1971 après dix ans de vie commune, c’est avec lui qu’elle réalise la fameuse fontaine Stravinsky qui jouxte le Centre Pompidou en 1982, troisième point d’orgue de sa carrière.
Cette vie exceptionnelle et vibrionnante est racontée à Liverpool, depuis ses premières œuvres quasi thérapeutiques inspirées par l’art brut jusqu’aux grandes heures de ses sculptures féminines, la vie d’une « nana » hors du commun.
« Niki de Saint Phalle », Tate Liverpool, Albert Dock, Liverpool, L3 4BB, (Grande-Bretagne)
www.tate.org.uk/liverpool, jusqu’au 5 mai 2008.
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Sacrées Nanas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°600 du 1 mars 2008, avec le titre suivant : Sacrées Nanas