À l’origine de cette exposition, on trouve la passion d’un collectionneur pour la représentation des intérieurs d’église dans la peinture flamande et hollandaise aux XVIe et XVIIe siècles.
La cohérence de cette collection prouve que le travail de cet amateur n’est pas si éloigné des recherches scientifiques des musées. « De musée en musée, de rencontre en rencontre, mon regard s’est aiguisé. Je suis devenu, je pense, un spécialiste du sujet », déclare ce passionné, qui souhaite rester anonyme. Sujet pointu qui lui a toutefois permis de rassembler une cinquantaine de toiles, pour la première fois exposée dans leur quasi-totalité au Musée de Flandre. Si le parcours dissocie le faste des peintres flamands du style plus sobre et épuré des peintres hollandais, ces deux cultures du Nord sont le témoin des troubles politico-religieux de leur époque. Intérieurs lumineux, colonnes de marbre, vitraux transparents, carrelages au sol, retables dorés, chaque détail participe à la sublimation de l’Église. Ces images représentent le plus souvent des lieux imaginés et fantasmés, dont le but n’est pas de rendre compte d’une réalité historique. Néanmoins, le visiteur distingue trois styles architecturaux différents qui se côtoient dans cette collection : le gothique, le baroque et le renaissant. Des vues frontales d’Abel Grimmer, précurseur du genre, en passant par les toiles réalistes d’Emanuel de Witte, de l’école de Delft, ou les compositions complexes de Pieter Neefs se détachant du courant traditionnel, ce goût pour les intérieurs d’église en peinture va de pair avec un intérêt esthétique pour la perspective. Consciente d’aborder un sujet qui peut paraître au premier abord hermétique, cette exposition a le mérite d’accompagner le public à tous les niveaux : l’obscurité, les voûtes et les arches imitent les décors d’église et invitent à un état de recueillement. La réflexion sur le spirituel se poursuit jusque dans la création contemporaine de Wim Delvoye, artiste belge, qui se réapproprie les formes baroques dans son œuvre Nautilus Penta.
Musée de Flandre, 26 Grand'Place, Cassel (59), www.museedeflandre.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Sacrée archi !