L’exposition lilloise constitue une invitation à prolonger la visite jusqu’à Anvers. La ville flamande, où Rubens passa la plus grande partie de sa vie, conserve de nombreux chefs-d’œuvre du maître.
La Rubenshuis, un palais italo-flamand
Érigée par Rubens à son retour d’Italie, la Rubenshuis est, avec la maison de Rembrandt à Amsterdam ou les habitations du Greco à Tolède et de Michel-Ange à Florence, l’une des rares demeures d’artistes parvenues jusqu’à nous. Le palais-musée que l’on découvre aujourd’hui sur le Wapper est toutefois le fruit d’une reconstitution effectuée dans les années 1940, la maison originale ayant fait l’objet de maintes transformations au cours du XVIIIe siècle. À l’exception de l’impressionnant portique à l’Italienne dominant la cour intérieure, édifié du vivant de l’artiste et selon ses instructions, les deux parties constitutives de la demeure – l’aile flamande, où prennent place les espaces domestiques, et l’aile italienne, qui abrite l’atelier de Rubens – ont été restituées au XXe siècle d’après des gravures du XVIIe siècle. Mais le charme opère. Tour à tour sobres et opulentes, les formes architecturales illustrent le goût italo-flamand de Rubens, tandis que les espaces intérieurs évoquent la vie quotidienne du père de famille, de l’artiste et du collectionneur. Il faut s’attarder dans le « cabinet d’art », dont les tableaux et la galerie de sculptures en hémicycle rappellent les riches collections du peintre – celles-ci comptaient notamment plus de 300 peintures, dispersées à sa mort en 1640 –, et bien sûr dans l’atelier, où ont vu le jour les plus grands chefs-d’œuvre du maître.
- Rubenshuis, Wapper 9-11, tél. 32 3 201 15 55, www.antwerpen.be/cultuur/rubenshuis
La cathédrale Notre-Dame, écrin gothique de chefs-d’œuvre baroques
Plus grande église gothique des Pays-Bas (1352-1521), la cathédrale d’Anvers renferme quatre grandes compositions religieuses de Rubens, dont trois sont des peintures majeures : L’Érection de la croix (1609-1610), La Descente de croix (1611-1614) et L’Assomption (1625-1626). Réalisée à son retour d’Italie, la première éblouit par son dynamisme mouvementé et la puissance de ses anatomies, dignes du Laocoon ou des Ignudi de Michel-Ange. Exécutée peu de temps après, La Descente de croix témoigne de la naissance du « style rubénien ». La lumière est plus douce, les musculatures moins triomphantes et l’ordonnancement des figures plus classique, bien que l’ensemble soit empreint d’un pathos et d’une monumentalité typiquement baroques. Ornant depuis près de quatre siècles le maître-autel, conçu lui aussi par Rubens, L’Assomption se distingue quant à elle par la clarté de ses couleurs, la grâce aérienne de ses figures et son jeu subtil d’ombre et de lumière.
- Handschoenmarkt, tél. 32 3 213 99 40, www.topa.be
Rubens, Van Dyck, Jordaens réunis à Saint-Paul
Joyau baroque dans un écrin gothique, l’église Saint-Paul rayonne de blancheur depuis sa récente restauration. En plus de ses stalles de chœur richement sculptées, de son maître-autel très architecturé et de ses lambris, l’édifice recèle un cycle de tableaux sur les Mystères du Rosaire, exécuté par les plus grands noms de la peinture baroque flamande. À côté de la Flagellation de Rubens prennent ainsi place des œuvres de Van Dyck et de Jordaens. Une confrontation inédite entre la manière du maître et celle de ses élèves.
- Veemarkt 14, tél. 32 3 231 33 21, www.topa.be
Saint-Charles-Borromée, le « Gesù » des Flandres
Directement inspirée de l’église du Gesù à Rome, Saint-Charles-Borromée domine de sa façade monumentale une ravissante petite place, elle aussi conçue par les jésuites. Érigée entre 1615 et 1621, l’église baroque conservait quelque 39 peintures plafonnantes de Rubens, parties en fumée dans un incendie en 1718 ! Quant aux tableaux d’autel figurant les miracles de saint Ignace et de saint François-Xavier, ils sont aujourd’hui conservés à l’Albertina, à Vienne. Du passage de Rubens à Saint-Charles, il ne subsiste que la décoration exubérante de la façade, à laquelle le maître a partiellement collaboré, et le plafond en stuc de la chapelle de la Vierge. Mais l’édifice n’en vaut pas moins le détour.
- Hendrik Conscienceplein, tél. 32 3 231 37 51, www.topa.be
Le Muséedes beaux-arts
Reflétant six siècles de production artistique flamande, le Koninklijk Museum voor Schone Kunsten conserve un ensemble remarquable d’œuvres de Rubens. On y trouve en particulier L’Enfant prodigue (vers 1618), magnifique morceau de peinture animalière qui fera le voyage à Lille, le célèbre Christ à la paille, L’Adoration des mages (1624-1626), traité avec une théâtralité à la fois grandiose et comique (Rubens transcrit avec jubilation les expressions d’incrédulité, de curiosité ou d’adoration de ce cortège indiscipliné et bigarré), le Baptême du Christ, œuvre de jeunesse influencée par Tintoret, ou encore la Vénus frigida (1614), qui rejoindra elle aussi les cimaises lilloises.
- Leopold de Waelplaats, tél. 32 3 238 78 09, www.antwerpen.be/cultuur/kmska
Pour en savoir plus : Office du tourisme d’Anvers, Koningin Astridplein 26, tél. 32 3 232 01 03, www.visitantwerpern.be, et Point d’informations culturelles, Grote Markt 13, tél. 32 3 203 95 84. Pour se loger : tél. 32 70 233 799.
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Rubens, de Lille à Anvers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Rubens, de Lille à Anvers