Son titre annonce la couleur : l’exposition « Roux ! » a pour thème original la chevelure orangée.
Organisée par le musée dédié au « peintre des rousses » Jean-Jacques-Henner, elle gravite autour de ses œuvres, tout en élargissant le propos à la rousseur en général. Sur trois niveaux, les cheveux « cuits au feu », selon les mots de Maupassant, sont déclinés en plusieurs thématiques et en une centaine de pièces empruntées à des univers très différents. Les rousses d’abord, au rez-de-chaussée, portraiturées en peinture, photographie et littérature. La « première rousse » de Jean-Jacques Henner, une nymphe dans un bois (Idylle, 1872), côtoie celles peintes par Auguste Renoir ou Edgard Maxence et photographiées par Geneviève Boutry. Se font aussi entendre les voix de femmes, célèbres pour certaines, dans un documentaire abordant les idées reçues liées à cette couleur capillaire. Au premier étage, la section intitulée « la force d’une couleur » est quelque peu tirée par les cheveux : s’y mêlent tableaux de Henner, créations haute couture en hommage à Sonia Rykiel, dont une robe faite de perruques signée Margiela et, dans un grand écart curieux, des masques tatanua à crêtes rousses (en prêt du Quai Branly). À l’étage supérieur, une salle montre des esquisses à la sanguine d’Henner, dont l’aspect rouge terre rend à merveille la chevelure fauve. Une autre salle, tout en contrastes là encore, associe albums de BD et figurines de nos héros de jeunesse (Poil de carotte, Rebelle, etc.) à une affiche de Sarah Bernhardt ou encore à un vinyle de David Bowie. La dernière partie, au troisième étage, est quant à elle entièrement consacrée à Jean-Jacques Henner. On y voit d’autres de ses toiles, petites ou grandes, de femmes rousses encore, mais aussi, plus surprenant, de « Christ roux ». « Pourquoi tant de roux ? », lit-on. Question qu’on se pose aussi à propos de cette exposition « fourre-tout ».
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : "Roux", un joyeux fourre-tout