Rendant hommage à une génération de peintres issus du creuset montpelliérain et ayant réinventé en France l’abstraction d’après-guerre, le Musée Fabre consacre aujourd’hui une exposition rétrospective à François Rouan.
Organisée de façon chronologique et représentative des séries historiques, l’exposition se structure en cinq grandes parties marquant l’évolution de sa peinture, des années 1960 à aujourd’hui : du début des tressages au départ pour Rome, en passant par les empreintes et paysages jusqu’au retour des années 2000, qui réactive des formules antérieures. Ce découpage toutefois est modulé par l’ouverture des salles qui crée des vis-à-vis entre les œuvres de chaque période et permet une vision non linéaire et fragmentée de l’ensemble. Mise en perspective avec le film réalisé par l’artiste, présenté dans l’auditorium, l’approche de l’œuvre en est ainsi plus pertinente, car l’on y ressent mieux ce qui la sous-tend, la répétition de ses obsessions. Parcourant l’exposition comme un tressage, le regard est sans cesse déstabilisé par un mouvement où tout s’interpénètre : abstrait/corps, peinture/image, sensation/pensée, modèle/motif, sombre/coloré, dessous/dessus, beauté/mort, passé/présent, Renaissance italienne/modernité, silence/musique. L’objet « tressage » s’y donne dans sa complexité et dans l’épaisseur de son sens décoratif, comme expérience du regard corps qui voyage dans une constellation suspendue de temps et d’émotions s’ouvrant soudain, vivante, à la mémoire de chacun et mettant l’image en mouvement, entre intime et collectif, culture et réel, étranger et déjà là. Objet qui se donne au spectateur de façon toujours nouvelle et qui réactive sans cesse le désir. Comme la rencontre, toujours inouïe, d’un être inconnu mais que l’on reconnaît. Désir que l’on attrape et qui toujours nous échappe.
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Rouan, le regard corps ou le nœud vivant
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Abonnez-vous dès 1 €« François Rouan. Tressages 1966-2016 », Musée Fabre, 39, boulevard Bonne-Nouvelle, Montpellier (34), www.museefabre.montpellier3m.fr
Légende Photo
François Rouan, Tressages bleu et rose, 1966-1967, toiles et papiers gouachés et tressés, 201 x 136 cm, atelier de l'artiste. © Photo : atelier de l'artiste.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : Rouan, le regard corps ou le nœud vivant