« Le papier découpé me permet de dessiner dans la couleur, pour moi il s’agit d’une simplification. » L’exemple du maître n’a pas échappé au cadet. Une dizaine d’années après la mort de Matisse, François Rouan entame en 1965-1966 toute une série de travaux sur papiers colorés qu’il découpe, qu’il entrecroise, qu’il retourne, qu’il tresse. S’il use du même protocole que son aîné, il s’en distingue toutefois aussitôt. Très vite, il l’applique en effet au travail de la peinture pour « contourner l’inhibition devant la toile blanche ». Rouan multiplie les jeux des dessus et des dessous, du dedans et du dehors, de sorte à ouvrir le plan du tableau, à lui donner du corps, un corps autre que la simple platitude d’une surface.
À la différence de Matisse qui disait « dessiner avec des ciseaux », François Rouan fait usage de « la découpe comme modèle » – titre de l’exposition que lui consacre le musée du Cateau-Cambrésis – pour instruire l’image à l’ordre d’une qualité physique propre. Question d’incarnation dans le tissu même de la toile qui gagne ainsi une épaisseur et dont la peau est marquée de sillons, de plis et d’interstices, bref, de toutes sortes d’événements en relief qui lui confèrent cette présence de corps. Comme le montre l’exposition en confrontant une série de papiers découpés du début et un ensemble de peintures des années 2007-2011, on mesure combien la figure y est latente, même si elle n’est jamais explicite. Le montage des images et du son du film qui a été spécialement réalisé à cette occasion en est une autre parfaite démonstration.
« François Rouan, la découpe comme modèle »
Musée départemental Matisse, Palais Fénelon, Le Cateau-Cambrésis (59), www.cg59.fr, jusqu’au 18 septembre 2011.
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Rouan chez Matisse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°638 du 1 septembre 2011, avec le titre suivant : Rouan chez Matisse