Si l’on connaît l’œuvre photographique d’Alexandre Rodtchenko, célèbre artiste avant-gardiste soviétique, on est moins au fait de ses avancées graphiques. Fils d’un accessoiriste, il grandit dans le milieu théâtral, bercé par ce monde illusoire et contrasté, par le jeu des éclairages où règnent le blanc et le noir. Participant aux mouvements clés du début du XXe siècle (futurisme, suprématisme et constructivisme), son engagement pour un monde nouveau est total. D’où sa rupture avec ce qu’il appelle « la peinture de chevalet » et l’abandon d’un point de vue médian, hérité de la perspective renaissante. Il oriente ses recherches photographiques sur les rapports que peuvent entretenir la forme et le contenu, multiplie les points de vue surprenants, les prises de vues en plongée, contre-plongée, en diagonale, qui deviennent l’emblème de sa pratique artistique, comme L’Escalier, image qui n’est pas sans rappeler la célèbre séquence du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein. Artiste engagé, Rodtchenko a connu des périodes troublées, passant de la Révolution de 1917, à la nouvelle politique économique de Lénine, du réalisme socialiste à la guerre. De 1923 à 1925, il participe à la création du journal Lef, lié au Front gauche de l’art, se consacrant au graphisme. L’exposition, riche d’une trentaine de publications et d’une centaine de photographies, met l’accent sur l’image, sa mise en page et son utilisation dans les photomontages. Les couvertures illustrent bien les recherches de l’artiste : images découpées, recomposées, détourées, texte en défonce, caractères en capitale, aplats de couleur. Une véritable « construction graphique » novatrice au service de la grandeur de l’Union soviétique.
BIOT, Musée Fernand Léger, jusqu’au 6 novembre.
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Rodtchenko, au pays des Soviets
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Rodtchenko, au pays des Soviets