La vingtaine à mi-parcours, il s’est fait connaître par une série de grands dessins intitulée Men in the Cities (1979-1981) figurant des hommes et des femmes, simplement silhouettés sur fond blanc, figés et crispés dans leurs mouvements, comme en suspens.
Des figures quelque peu étranges dont les poses suggéraient une violence certaine et qui lui avaient été inspirées par son amour du cinéma, de Fassbinder à Godard en passant par Clouzot et Warhol. Né à Brooklyn (New York) en 1953, Robert Longo s’était ensuite fait remarquer à la Documenta de Kassel en 1982 avec un monumental haut-relief en forme de triptyque en aluminium moulé, Corporate Wars : Walls of Influence, montrant des personnages en train de lutter entre deux gratte-ciel.
Après Judd, Indiana, Jim Dine, Rauschenberg et quelques autres, Longo est l’hôte depuis cet été du musée de Nice qui poursuit par là sa programmation d’expositions monographiques consacrées aux artistes phares de la scène américaine des trente dernières années. Figure atypique de celle-ci, Robert Longo expérimente volontiers toutes sortes de techniques, alliant la peinture et le dessin à la sculpture et à la vidéo. Particulièrement préoccupé par l’image et par les mécanismes de violence et de pouvoir qui règlent la société contemporaine, et plus spécialement américaine, il a longtemps puisé son inspiration dans les mass media.
Depuis le début des années 1990, l’artiste a décidé de supprimer toute représentation pour tenter d’atteindre et de révéler « un véritable inconnu ». En témoignent ces immenses dessins au fusain sur papier marouflé aux motifs quasi abstraits de terrifiantes tornades, de gigantesques vagues ou de sensuelles roses rouges, voire de gueules hurlantes innommables.
« Faire des images d’images est quelque chose de particulier à ma génération d’artistes, dit-il. Comment aborder la représentation de la représentation ? Avant les artistes faisaient des images de natures mortes, aujourd’hui nous faisons des images d’images de natures mortes. » À l’entendre on pourrait penser qu’il s’agit là de paroles inquiètes et sans nouvel espoir. Bien au contraire, l’œuvre polymorphe de Robert Longo ouvre la voie à de nombreux possibles et acte le caractère éclectique du postmodernisme. Ses vidéos et ses films notamment, dont Johnny Mnemonic, une cyberfiction datée de 1995.
« Robert Longo 1979-2009 », Mamac, musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice, promenade des Arts, Nice (06), www.mamac-nice.org, jusqu’au 29 novembre 2009.
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Robert Longo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°616 du 1 septembre 2009, avec le titre suivant : Robert Longo