Qu’elle soit par nécessité ou par agrément, la chasse a longtemps été l’activité favorite des hommes. Depuis l’Antiquité, les artistes sont les témoins de l’évolution des pratiques.
Depuis la préhistoire, le face-à-face de l’homme et de l’animal a toujours été un double combat, l’homme traquant le gibier mais les grands fauves attaquant aussi l’homme. Pour ne pas être une tuerie aveugle, la chasse a toujours eu ses lois et ses interdits, de nos jours comme dans les temps les plus anciens.
Dans l’Afrique traditionnelle, le chasseur se livrait à un rituel de réconciliation pour demander pardon à l’animal qu’il venait de tuer. En Europe, depuis l’Antiquité, la chasse est soumise à des règles qui ont varié selon les périodes. Chez les Grecs, la vie sauvage était placée sous les auspices d’Artémis, déesse ambivalente à la fois prédatrice et protectrice de la nature, garante de l’intégrité de celle-ci face aux débordements des hommes. Les animaux étaient ses compagnons ou ses victimes. C’est ainsi, résistant au vent qui l’enveloppe mais obéie de son chien, que la représente Orazio Gentileschi en 1634 dans une admirable toile.
Au temps d’Artémis, le sanglier et le lion étaient les animaux les plus respectés, mais au Moyen Âge tout change. Le cerf s’impose comme roi de la forêt, le cerf qui ne saurait être chassé que noblement.
Fauconnerie et chasse à courre
Dans la chasse à courre, pas de mise à mort honteuse pour cette victime chargée d’une symbolique chrétienne. Le loup, au contraire, devient l’image méprisable du mal qui doit être détruit par n’importe quelle ruse.
Dans sa lutte contre le gibier, l’homme s’est choisi des alliés parmi les animaux. Traîtres à leurs semblables, le faucon, le chien, le cheval sont à l’inverse tout dévoués à leur maître. La fauconnerie, l’une des plus anciennes et plus efficaces pratiques cynégétiques, est la science de capture du gibier sans arme. Sur un panneau de 1490, on voit le jeune prince Philippe le Beau tenant sur son poing son faucon encapuchonné. Une fois libéré, le rapace saisira en altitude la proie qu’il rapportera. Le faucon, comme le collier de la Toison d’or du prince disent le prestige dont jouit cette chasse.
Sous Louis XIV, la Chasse à courre, telle qu’elle est peinte dans l’entourage de Van der Meulen, évoque une chasse royale, supposant la mise à mort très ritualisée du cerf aux abois qui doit toujours avoir une ultime chance de s’échapper. Il est poursuivi par la meute qui compte deux cent cinquante chiens dont le roi s’occupe personnellement.
Pour leurs nombreux Portraits, il choisit le grand talent de François Desportes, qui parfois se laisse aussi séduire par les Flamants roses ou les Cygnes de la ménagerie royale.
La condition animale
Après lui, Oudry, peintre des chiens de Louis XV, pousse encore plus loin l’humanisation de l’animal avec La lice allaitant ses petits, qui remporte un immense succès. Plus question de mise à mort rituelle.
De nos jours, si la condition de l’animal s’est améliorée, il reste du chemin à parcourir. Il peut être le Chiot, ridiculisé par Jeff Koons ou, pire encore, élevé en batterie comme les poulets. Mais ce n’est plus de la chasse.
Informations pratiques Le Musée de la Chasse et de la Nature ouvrira ses portes le 6 février, hôtel de Mongelas, 62, rue des Archives, Paris IIIe. Entrée par l’hôtel de Mongelas. Métro : Hôtel-de-Ville, Rambuteau. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Tarifs : 6 et 3 € (gratuit le premier dimanche du mois). Tél. 01 53 01 92 40, www.chassenature.org
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Rites et usages de la chasse à travers les âges
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Rites et usages de la chasse à travers les âges