Lors d’un célèbre entretien en février 1973, Gerhard Richter déclarait « Je fais de la photographie avec les moyens de la peinture ». Pour Richter, l’acte de peindre consiste à interroger les fondements et les limites de la représentation picturale à partir de la toute puissance de la photographie. « D’une part, une photo est déjà un petit tableau, tout en ne l’étant pas complètement. Ce caractère est irritant et vous pousse à vouloir la transformer définitivement en tableau. D’autre part, la photo possède des qualités spécifiques qui s’échappent si l’on peint directement d’après nature. Elle permet d’être aussi universel, aussi peu personnel que possible. » L’annonce d’une vaste rétrospective de dessins et d’aquarelles de cet artiste peut donc surprendre. A priori, ces deux modes d’expressions paraissent étrangers au rigoureux programme artististique qu’il poursuit depuis les années 60.
Il n’en est rien. Les 200 dessins et les 100 aquarelles ici présentés doivent être appréhendés comme des œuvres autonomes qui, en aucun cas, ne préludent aux toiles « réalistes » ou « abstraites » qui ont fait sa renommée. Les dessins, bien qu’issus de photographies, ne comportent aucun élément narratif ou anecdotique. Ces œuvres mêlent les problématiques du regard (quel acte fonde la représentation), de l’occultation (dans quelle mesure une image induit une reconnaissance), et de l’écran (écran du désir et de la pulsion aussi bien chez le créateur que chez le spectateur). Les aquarelles, toutes réalisées à partir de 1977, période où Richter aborde la peinture abstraite, insistent sur le caractère accessoire de la technique et du savoir faire de l’artiste.
WINTERTHUR, Kunstmuseum, jusqu’au 21 novembre. Deux catalogues raisonnés (dessins et aquarelles) complètent cette exposition.
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Richter à l’eau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Richter à l’eau