Le MoMA revient sur le parcours du sculpteur aux rubans d’acier. La rétrospective couvre quarante années d’un itinéraire préoccupé par le matériau, le processus et l’expérience du spectateur.
Richard Serra est de ces icônes tant identifiées par l’histoire qu’on en oublierait presque qu’il n’a que soixante-huit ans. Actif et présent dans l’espace public aux quatre coins du monde, l’artiste entrepreneur bénéficie de productions titanesques et d’hommages rétrospectifs assidus. On l’attend en 2008 sous la verrière du Grand Palais (lire L’œil n° 592) et le MoMA lui cède actuellement deux étages pour une exposition en forme de démonstration.
Au milieu de ses titanesques sculptures d’acier, le spectateur devient sujet
Des toutes premières compositions de caoutchouc et de néon aux monumentales élévations d’acier, Richard Serra aura entrepris de façonner une définition aussi extensive que radicale de la sculpture. Les vingt-sept œuvres qui s’y déploient rappellent la constance et l’obstination avec laquelle l’artiste de souche minimaliste confie aux matériaux puis au corps du spectateur le soin de renouveler les problématiques du médium. La sculpture passe du symbole au phénomène. Elle entre dans l’espace réel et nous entrons dans le sien.
La petite histoire raconte que le jeune Californien travaillait dans une aciérie pour financer ses études de littérature anglaise et que c’est à la visite approfondie de la reconstitution de l’atelier de Brancusi
à Paris qu’il doit son « passage vers la sculpture ». On est en 1965. Serra commence par explorer des matériaux inédits pour des installations qui s’autoforment au gré d’éléments industriels collectés.
Le jeune artiste veut déjà intégrer les propriétés physiques de son travail, réfléchir au contexte qui l’accueille et souligner les procédures requises. Viennent alors les plaques d’acier dont Serra met en scène l’équilibre précaire tout en initiant des rapports actifs avec le regardeur. Au seuil des années 1970, le temps et l’espace s’invitent davantage encore. Si Serra fréquente les artistes du Land Art, c’est au paysage urbain qu’il s’intéresse.
Dès lors son vocabulaire se précise et ne changera guère. Les échelles s’emballent, le métal se courbe, s’oxyde, évolue et dessine des trajectoires changeantes. L’acier tranche les espaces, implique l’environnement, creuse le vide et submerge littéralement un spectateur devenu sujet.
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Richard Serra, tectonique des plaques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Richard Serra, tectonique des plaques