NANTES
Quand Mircea Cantor arrive en 1999 à l’École des beaux-arts de Nantes pour un post-diplôme, il a 22 ans, sort de l’université d’art de Cluj-Napoca en Roumanie et pratique la photographie depuis l’âge de 15 ans.
Vingt ans plus tard, l’invitation de Sophie Lévy, directrice du Musée d’arts de la Ville, à exposer à la chapelle de l’Oratoire attenante l’amène à un regard rétrospectif inédit sur ce qu’a représenté ce séjour. « Nantes est un carrefour dans son itinéraire artistique », rappelle Sophie Lévy. On le perçoit devant son choix éloquent de pièces, composé uniquement de photographies, de vidéos et d’installations réalisées entre 1992 et 2019. « Quand je suis arrivé, ce fut une sorte de défoulement. J’avais à disposition des moyens techniques que je n’avais pu avoir jusque-là », raconte Mircea Cantor. Sa nationalité sera toutefois à l’origine du refus des États-Unis de lui délivrer un visa pour se rendre à New York dans le cadre d’un voyage d’études organisé par l’école. En réaction, il se photographiera posant en auto-stoppeur devant les deux tours de l’île de Nantes avec une pancarte « All to directions ». Placée en ouverture entre deux vidéos de manifestations mises en scène, l’une à Tirana en 2003, l’autre à Tokyo en 2018, l’image cristallise le positionnement de l’artiste, dont il ne s’est jamais départi. Le refus de la violence et sa dénonciation par la symbolique sont une constante dans son œuvre. Les diverses séries réalisées avant son arrivée à Nantes, montrées ici pour la première fois, en témoignent, à l’instar de ses vidéos courtes produites par la suite, haïkus troublants réduits à un seul geste ou une seule phrase comme celle prononcée par son fils : I Decided Not to Save the World.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Retour à Nantes pour Mircea Cantor