Le Musée de Lodève explore jusqu’au 26 octobre la peinture italienne de l’entre-deux-guerres, une période durant laquelle de nombreux peintres de la Péninsule tournent le dos aux avant-gardes historiques pour adopter un classicisme nourri par la grande tradition de l’art italien. Les élèves sont malheureusement rarement à la hauteur de leurs maîtres.
LODÈVE - Une tendance actuelle, guidée par des considérations de pur marketing, conduit de plus en plus de conservateurs de musée à construire le titre de leurs expositions autour d’un nom censé rallier le plus grand nombre. L’exposition “De Chirico et la peinture italienne de l’entre-deux-guerres” en est le plus pur exemple. Si vous êtes un inconditionnel du maître de la Peinture métaphysique, passez votre chemin. Sur quatre-vingts œuvres exposées, seule une dizaine sont de sa main, et encore, elles ne font pas partie de ses chefs-d’œuvre.
En réalité, la seconde partie de l’intitulé reflète plus fidèlement le contenu de l’exposition. Les organisateurs souhaitent en effet faire redécouvrir ici une période qui, selon eux, reste largement méconnue dans notre pays. Cette démarche participe cependant d’un mouvement entrepris depuis plusieurs années, dont “L’école romaine (1925-1945)” au Pavillon des Arts, à Paris, en 1997 (lire le JdA n° 46, 24 octobre 1997), est un précédent.
Particulièrement didactique, le parcours du Musée de Lodève insiste sur les différents mouvements de la période, à commencer par le futurisme, avant de consacrer de nombreuses salles au retour à l’ordre marqué par le groupe des Valori Plastici (Carrà, Morandi, De Chirico, Soffici), les Milanais du Novecento (Sironi, Funi, Oppi), puis l’école de Rome (Mafai…). Provenant majoritairement d’Italie et parfois issues de collections privées, les œuvres n’ont peu ou pas été exposées en France. Malheureusement, cette période constitue tout sauf un état de grâce pour l’art italien. Traumatisés par une Première Guerre mondiale pourtant largement encouragée par les futuristes – “la seule hygiène du monde”, selon les propres termes de Marinetti dans le Manifeste du Futurisme de 1909 – et parfois séduits par la montée du fascisme, ces artistes ont produit un art sec, et rarement inventif. Une composition comme Idylle (Rencontre) (1925), de Gisberto Ceracchini, est assez représentative d’une création qui prône un retour aux valeurs rurales chères à Mussolini. La facture maladroite de la composition la rapproche davantage des naïfs que de la tradition de la grande peinture italienne. L’exposition ménage cependant quelques surprises, comme ces collages de Farfa, ainsi Mains et réflexes multicolores (1924), compositions abstraites à la fraîcheur intacte.
Le parcours se conclut néanmoins sur une note positive. Après L’Homme crucifié (1933), de Ottone Rosai, est en effet présentée une vidéo produite par le musée et expliquant en détail le propos de l’exposition. Une heureuse initiative qui n’arrive toutefois pas à créer l’enthousiasme pour les toiles ici réunies.
Jusqu’au 26 octobre, Musée de Lodève, square Georges-Auric, 34700 Lodève, tél. 04 67 88 86 10, tlj sauf lundi 9h30-12h, 14h-18h. Catalogue, 296 p., 45 euros.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°176 du 12 septembre 2003, avec le titre suivant : Retour à l’ordre