Le Musée Crozatier du Puy-en-Velay remet en lumière Pierre Julien, sculpteur du roi Louis XVI.
LE PUY-EN-VELAY - À l’occasion du bicentenaire de la mort de Pierre Julien, le Musée Crozatier, au Puy-en-Velay (Haute-Loire), remet en lumière une figure de la sculpture néoclassique. Né en 1731, à Saint-Paulien, près du Puy-en-Velay, Pierre Julien ne se libère de son maître Guillaume II Coustou qu’à la mort de ce dernier, lequel abusa longtemps des talents de son élève. Âgé de 48 ans, il peut alors affirmer toute sa virtuosité. Il est enfin reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture grâce à son excellent morceau de réception Gladiateur mourant. À travers une personnification de la douleur, le sculpteur s’inspire ici de l’antique, qu’il interprète de manière originale dans une composition ramassée, à la fois pleine de tension et de sensualité.
Sorti tardivement de l’ombre de son maître, l’artiste ne pourra exprimer son talent que brièvement, entre son entrée à l’Académie en 1778 et la Révolution. Sculpteur de Louis XVI, Pierre Julien participe néanmoins à la revalorisation de l’histoire de France voulue par le roi.
Le comte d’Angiviller lui commande les statues de La Fontaine et de Nicolas Poussin pour la série des « Grands Hommes de la France » – laquelle restera à l’état de projet. Ces sculptures suscitent l’admiration, et la critique salue la capacité de l’artiste à figurer avec vérité l’âme de ses personnages. En choisissant de représenter Poussin à demi nu, avec un manteau sur les épaules et non en costume d’époque, Pierre Julien affirme son caractère novateur.
Sans emphase
Trois ans plus tard, en 1785, le comte d’Angiviller le sollicite pour le décor de marbre de la laiterie de Rambouillet, pavillon de la reine Marie-Antoinette. Sous les thèmes des travaux de la ferme et de la mythologie arcadienne, les deux bas-reliefs, les six médaillons et le groupe Amalthée et la chèvre de Jupiter incarnent de façon allusive la bienfaisance du règne de Louis XVI. Le Musée Crozatier, avec la collaboration du département des Sculptures du Musée du Louvre, a réuni pour la première fois depuis deux cents ans l’ensemble de la laiterie de la reine Marie-Antoinette, dont une partie a été propriété britannique pendant deux siècles. Revenue dans le patrimoine français en 2003 grâce à une dation, l’œuvre va retrouver sa place initiale à Rambouillet.
La salle d’exposition temporaire du Musée Crozatier offre des conditions optimales d’espace et de lumière pour se plonger dans l’intimité de chaque pièce de marbre, de plâtre et de terre cuite, afin d’apprécier le travail de composition et les prouesses techniques de ce praticien du marbre. L’élégance qui caractérise le style de Pierre Julien tient à la combinaison de motifs antiques et d’une fine observation de la nature. L’artiste joue avec la matière, l’opacité et la transparence du marbre, le lissé de la peau, le pelage des animaux, la fluidité des drapés, la rugosité de la roche dans des compositions subtiles, justes, sans emphase ni sensiblerie.
Cette exposition redonne au sculpteur sa place parmi les grands noms du XVIIIe siècle tels Clodion, Pajou, Boizot ou encore Houdon, qui ont récemment bénéficié de rétrospectives, respectivement en 1992 et 1997 au Louvre, au Musée Lambinet, à Versailles, en 2001, et au château de Versailles en 2004.
Jusqu’au 31 octobre, Musée Crozatier, jardin Henri-Vinay, 43000 Le Puy-en-Velay, tél. 04 71 06 62 40. Catalogue éd. Somogy 136 p., 35 euros, ISBN 2-85056-748-5.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Retour en grâce
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°198 du 10 septembre 2004, avec le titre suivant : Retour en grâce