Luis Navarro Vega (1938) documente, depuis le début des années 1980, le monde des Gitans, totalement ignoré au Chili.
Après avoir enquêté dans les années 1970 sur les disparus, donné la preuve par ses photographies des tortures et des assassinats perpétrés durant la dictature de Pinochet, il a trouvé auprès des Kalderash une seconde famille. Les photographies et les vidéos de Leonora Vicuña (1952) parlent elles aussi du monde dans lequel elle a choisi de vivre, celui des Mapuches, en lutte pour la récupération de leurs terres, tandis que les mises en scène transgressives de Zaida González (1977) dressent un portrait au vitriol de la société chilienne, au sein de laquelle l’avortement, l’homosexualité ou le parti communiste continuent à provoquer ires et rejets violents via la religion, la famille et le machisme. En ouvrant par ces portraits colorisés subversifs et moqueurs, Patrice Loubon oriente son propos sur les faces cachées d’un pays marqué par la dictature et une indéracinable inégalité. Le militantisme qui unit ses différents travaux aux formes plastiques distinctes témoigne du courage et de la vivacité de la résistance. Les reportages des frères Hoppe sur les manifestations qui ont jalonné les années 1980 n’ont rien perdu à cet égard de leur puissance évocatrice. Quant à la mise en regard des images emblématiques de Claudio Pérez (1957) sur la lutte contre la dictature dans les années 1980 et de ses travaux récents sur les rites au nord du Chili, dont l’ellipse poétique sur le sacrifice, la croyance et le dénuement est particulièrement troublante, elle évoque sous le regard de portraits de disparus que le temps progressivement efface la force de l’opiniâtreté de la marge à exister.
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Résister à l’ordre établi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°689 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Résister à l’ordre établi