"Résister, encore", un accrochage coup de poing

Est-ce cette actualité brûlante qui rend (malheureusement) cette exposition si à propos ? Exposée dès la première salle du parcours, la série de gravures de Vallotton intitulée C’est la guerre !, avec ses scènes des tranchées de 1914-1918 et de bombardements, résonne soudainement avec les images qui nous parviennent depuis l’Ukraine. Plus loin dans le parcours, c’est l’installation de l’artiste valaisan Fabrice Gygi, une chaîne de barbelés métalliques géants, autre réminiscence d’images bien connues, qui semble dialoguer avec le collage de l’artiste bernois Thomas Hirschhorn A Ruin is a Ruin, panorama de ruines architecturales de toute sortes. Trois œuvres d’artistes suisses qui, bien que natifs d’un pays où règne la neutralité, partagent cette capacité de résistance et d’empathie face aux heurs et malheurs de notre planète avec d’autres confrères du monde entier invités à figurer dans cette exposition. Si le propos qui accompagne la présentation se fait parfois un peu trop conceptuel, il reste l’essentiel : la mise en lumière de stratégies de résistance (qui ressemblent peu ou prou à des stratégies de survie dans certains cas) qui s’expriment dans des médiums de type très divers : la photographie, l’installation, la peinture ou, plus souvent encore, la vidéo pratiquée par exemple par l’artiste israélienne Sigalit Landau, qui filme dans son œuvre Salted Lake, heure par heure, le lent processus de noyade de chaussures recouvertes de sel sur la couche de glace d’un lac polonais – une métaphore des naufrages de migrants sur la route du sud vers le nord. Une exposition qui pourrait se résumer non en un mot mais en une œuvre, celle signée de l’artiste suisse Miriam Cahn et intitulée Wut (« colère ») : un magistral coup de poing pris par le visiteur en pleine figure.