“Au siècle de Louis XIV on était helléniste, maintenant on est orientaliste” disait Victor Hugo dans Les Orientales. Si, depuis lors, ce genre pictural a connu une importante fortune critique en France, c'est un domaine resté en friche en Italie. Située dans un décor de rêve – le pavillon de chasse Stupinigi et ses allées de citronniers odorants – l’exposition organisée par la ville de Turin retrace, à travers plus de deux cents peintures, sculptures, objets d'art et d'ameublement, l'évolution du goût exotique en Italie durant un siècle. Longtemps limitée aux récits des grands voyageurs, la connaissance de l'Orient se fait plus précise avec l'engouement romantique. Pourtant le rêve le dispute encore à la réalité dans des œuvres narratives, à sujet fantastique ou historique, tel Les Proscrits de Parga (1831) de Francesco Hayez. Au cours de voyages d'exploration de plus en plus fréquents, les peintres éprouvent une véritable révélation pour la magie des couleurs et de la lumière de cet Orient, désormais représenté à partir de motifs pris sur le vif, d'un vérisme allant parfois jusqu'à l'excès. Ils sont également fascinés par les coutumes de ces pays mystérieux comme en témoigne la sensualité feutrée du Bain turc à Constantinople d'Alberto Pasini (1868). L’exposition aborde, enfin, le colonialisme italien et ses rapports ambigus vis à vis de la création artistique ; soit il s'attachera à représenter la véritable physionomie des pays décrits, soit il appliquera des modèles modernes et européens aux pays conquis. La Dispute des fétiches, réalisée en 1932 par Enrico Prampolini, est un bon exemple de ce choc des cultures.
TURIN, Pavillon de chasse Stupinigi, 13 septembre-6 janvier.
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Rendez-vous exotique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°499 du 1 septembre 1998, avec le titre suivant : Rendez-vous exotique