Ren Hang trouvait dans la nudité des corps, leurs mises en scène espiègles, légères ou crues l’expression d’une liberté d’être que son pays la Chine lui refusait.
Il photographiait amis ou modèles dans son petit appartement de Pékin ou à la sauvette dans les parcs et jardins de la ville, faisant fi de la censure, des arrestations et de la maigreur de moyens dont il disposait. Dans les années 2011-2012, l’apparition de ces images érotiques, l’approche renouvelée, surtout du nu, ont fait rapidement son succès à l’international auprès des éditeurs, galeries, institutions, magazines ou blogs.
Depuis le suicide à l’âge de 29 ans du jeune prodige chinois aucune exposition n’avait pu être montée. Sa disparition le 24 février 2017 a mis en effet un terme, du moins pour l’instant, à la diffusion, à l’édition et à la vente de ses photographies. L’accord donné par la mère de Ren Hang a permis néanmoins à Simon Baker, nouveau directeur de la MEP, de programmer cette rétrospective construite à partir de prêts en provenance de trois galeries détentrices de tirages réalisés du vivant du photographe.
Le panorama présenté par univers n’en demeure pas moins éloquent sur la poétique visuelle du jeune homme qui s’est toujours refusé à légender et à dater ses images. La volupté des corps affranchie des codes, des références et des tabous revendique le trouble, la candeur. Réalisé par Jean-Luc Soret, co-commissaire de l’exposition, le diaporama riche de mille photos récupérées via l’outil web.archives.org élargit la vision de l’œuvre à un Ren Hang plus sombre où l’on peut discerner la dépression qui aura raison de lui.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Ren Hang échappe à la censure