Voir les paysages dans lesquels se promenait Rembrandt (1606-1669) et qui l’ont inspiré, telle est l’idée, aussi nostalgique que sérieuse, à l’origine de l’exposition d’Amsterdam. Une cinquantaine de ses plus beaux dessins de paysages y sont réunis.
AMSTERDAM - Avec “Les paysages de Rembrandt : ses promenades préférées”, “nous voulons explorer la relation entre l’art et la réalité”, déclare Boudewijn Bakker, directeur du Gemeentearchief, spécialiste de Rembrandt et commissaire de l’exposition. Une tradition instaurée par le peintre Claes Jansz Visscher consistait à se promener dans un paysage avant de le dessiner. À son arrivée aux Pays-Bas, après le sac d’Anvers en 1585, il introduit l’idée de peindre les paysages à la manière des Flamands – les Bruegel et Jan Van Eyck. “Pour le calviniste Visscher, marcher dans la campagne aux alentours de Haarlem et la dessiner était une façon de rencontrer Dieu dans sa création : regarder le monde et l’étudier équivalait pour lui à un acte de piété, souligne M. Bakker. Rembrandt n’était donc pas le seul à pratiquer cette coutume du dessin en plein air”.
Rembrandt dessinait toujours les mêmes endroits, sans chercher à découvrir de nouveaux paysages. En comparant ses dessins à ceux de ses contemporains – exposés à côté des siens – et aux lieux qu’ils représentent, apparaissent clairement les structures et les panoramas qui ont arrêté le regard de Rembrandt, les éléments qu’il considérait comme essentiels et ceux qui lui paraissaient secondaires. L’influence qu’il a exercée sur ses élèves, comme Govert Flinck et Philips Konninck, devient évidente.
L’exposition suit les recherches de Rembrandt, chaque salle étant articulée autour de deux de ses promenades : le long de l’Amstel vers Oudekerk, dans et autour d’Amsterdam, dans le village médiéval de Diemen, et dans les environs plus éloignés, vers Haarlem et Saxenburg. À l’intérieur de ce cadre, Boudewijn Bakker a divisé les œuvres en trois catégories : les esquisses rapides au fusain, en plein air ; les quelques dessins que Rembrandt a utilisés comme modèles pour des peintures et des gravures ; les dessins ressemblant à des peintures, pour lesquels il utilisait des papiers de couleur et de texture différentes, tels le parchemin et le papier à base de bouillie d’avoine, afin de rendre les effets atmosphériques.
Rembrandt a été le premier artiste hollandais à expérimenter différentes sortes de papier : “Nous ignorons s’il le faisait pour sa recherche personnelle ou pour répondre à la demande de ses clients, mais comme le marché du dessin était alors pratiquement inexistant, il le faisait très probablement pour lui-même. En revanche, à la fin des années 1640, ses gravures de paysages étaient très recherchées et les éditeurs se les arrachaient”, précise M. Bakker.
Les dessins de paysages de Rembrandt sont relativement rares : sur les quelque 1 400 dessins qui lui sont attribués, seuls 200 sont des paysages. Boudewijn Bakker espère que sa recherche topographique aidera à clarifier les dates et l’attribution de certains d’entre eux. La plupart ne sont ni datés ni signés, et paraissent avoir été dessinés pour le simple plaisir, sans objectif commercial. Dans l’inventaire des biens de Rembrandt dressé en 1656, après sa faillite, il est fait mention de vingt-trois carnets de ses dessins, dont trois étaient décrits comme contenant “de nombreux paysages dessinés d’après nature”.
Jusqu’au 29 novembre, Gemeentearchief, 67 Amsteldk, Amsterdam, tél. 31 20 572 02 02, tlj 11h-17h.
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Rembrandt en plein air
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°69 du 23 octobre 1998, avec le titre suivant : Rembrandt en plein air