Qui a peur des femmes peintres ?

Dans l’espace Cornil, vaste lieu lumineux, les visiteurs déambulent à leur guise pour découvrir essentiellement des peintures, ainsi que des photographies et quelques sculptures, réalisées par dix artistes femmes contemporaines : Delphine Balley, Carole Benzaken, Claire Chevrier, Hilary Dymond, Véronique Ellena, Marie-Anita Gaube, Isabelle Jarousse, Marie Morel, Florence Reymond et Isabelle Thé. Celles-ci investissent le champ de l’art, et particulièrement la peinture, qui fut longtemps considérée comme une affaire d’hommes, en échappant à la féminisation de l’art ou à un art féminin multipliant tableaux de fleurs et broderies. Les thématiques abordées dans l’exposition « Elles, question de genre ? » tournent particulièrement autour de la femme artiste face à l’histoire de l’art (Ellena), du docu-fiction (Chevrier), des souvenirs familiaux (Balley), du plissé (Jarousse) ainsi que du corps-paysage (Benzaken, Dymond, Gaube, Morel, Reymond, Thé). En sortant, il ne faut pas manquer de visiter l’espace Grenette du Musée Paul-Dini qui, au sein des collections permanentes, focalise sur les artistes femmes des années 1920-1930 (Valadon, Charmy, Marval, Agutte), des années 1960-1990 (Contestin, Petri, Crozat) et sur les femmes photographes (Sabine Weiss, Martine Franck…) de la collection de l’artothèque. Ainsi, contrairement aux idées reçues, penser que les femmes n’ont eu accès que très récemment à la pratique artistique est une erreur de jugement historique. Néanmoins, au vu de certains réflexes conservateurs qui conduisent encore aujourd’hui à la faible présence des femmes dans bon nombre d’expositions à forte visibilité, saluons cette nouvelle mise en lumière des plasticiennes sans céder, pour autant, aux sirènes d’une certaine mode féministe politiquement correcte.