Marc Chagall et Fernand Léger font leur cirque dans le cadre d’une double exposition dans leur musée respectif à Nice et à Biot. Les deux peintres proposent leur vision d’un sujet qui a inspiré la plupart des grands artistes, de Seurat à Toulouse-Lautrec et de Rouault à Picasso.
Le cirque est une thématique qui ne cesse d’alimenter l’œuvre de Chagall. Les acrobates et les saltimbanques qui ont peuplé son enfance dans sa Russie natale, les spectacles auxquels il assiste au Cirque d’hiver et au cirque Fortunio à Saint-Paul-de-Vence inspirent nombre de ses créations. Ainsi au Musée Chagall sont présentées trente-huit gouaches inédites, peintes par l’artiste en 1955 qui illustreront dix ans plus tard le recueil de ses textes sur le cirque édité par Tériade. Le thème du cirque reste omniprésent dans les cinq dernières années de la vie de l’artiste, qui lui consacre de nombreuses lithographies de 1980 à 1985. Il existe une formidable adéquation entre le langage onirique et poétique de Chagall et un monde lui-même empli de rêve et de magie. Chagall évoque cet univers si proche de celui de ses toiles : gaieté et musique, choses étranges et merveilleuses, monde aérien et coloré que sa palette transcende avec des bleus et des violets nocturnes, des rouges flamboyants et des blancs lumineux qui traversent la toile.
Déjà fortement présent dans son univers d’enfance, le cirque revient au centre des divertissements et de la peinture de Léger adulte. Il fréquente le cirque Medrano. Puisque « rien n’est aussi rond que le cirque », il devient, selon Léger, « le pays des cercles en action », un roulement de masse de gens, d’animaux, d’objets, chevaux blancs à la parade, chiens savants, acrobates, une fête de formes suspendues en l’air. Cette « intensité de mouvement dynamique » dégage une espèce de force monumentale, par antinomie aux personnages chagalliens « plus légers que des anges ». Il réalise lui aussi à la demande de l’éditeur Tériade un ouvrage intitulé Cirque dont les gouaches et dessins sont présentés à l’exposition. Le thème du cirque marque pour Léger la volonté d’un retour à la simplicité par un art direct : « Ce qui intéresse Léger ce n’est pas le pittoresque, c’est le mouvement, le contraste, la société du spectacle comme métaphore du monde moderne », explique Diana Gay, conservatrice du Musée Léger de Biot.
« Mais quel cirque ! Chagall au pays des cercles en action », Musée national Marc-Chagall, avenue du Docteur-Ménard, Nice (06), www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr ;
« Mais quel cirque ! Léger au pays des cercles en action », Musée national Fernand-Léger, chemin du Val-de-Pôme, Biot (06),
www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr
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Quels cirques !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : Quels cirques !