Le Musée de l’armée à Paris retrace les ambitions européennes de l’Empereur des Français et convoque les regards étrangers de l’époque.
PARIS - À l’heure où l’Europe traverse une période chaotique et suscite le mécontentement de nombreuses populations membres de l’Union, le Musée de l’armée rappelle les heures autrement plus sanglantes qui découlèrent de l’ambition européenne de Napoléon Ier. Il aura suffi d’à peine plus de vingt ans au jeune chef d’artillerie pour s’autoproclamer « Empereur des Français » et chahuter la relative quiétude d’une vingtaine de nations. L’exposition « Napoléon et l’Europe » retrace cette irrésistible ascension militaire, politique et sociale, du siège de Toulon en 1793 jusqu’à la défaite de Waterloo en 1815.
Il y a un an et demi, la Kunst-und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, à Bonn, organisait « Napoleon und Europa. Traum and Trauma » (« Le rêve et la blessure »), exposition à laquelle s’était associée le Musée de l’armée, à Paris. Placée sous le commissariat de Bénédicte Savoy, historienne de l’art française et professeure à l’université de Berlin, et de l’historien Yann Potin, basé à Paris, l’exposition allemande proposait une vision élargie et distanciée sur une personnalité historique française. Le Musée de l’armée a adopté ce parti pris, qui démultiplie les regards. Ainsi les caricatures étrangères (pour la plupart britanniques), révélant le mépris et la méfiance qu’inspirait la mégalomanie du « petit Corse », font partie des documents étrangers donnant un relief bienvenu à une démonstration qui se veut aussi lucide que possible.
Une scénographie enlevée
Atout majeur de l’exposition, sa scénographie enlevée parvient à donner vie à une matière souvent sèche en jouant avec une sélection d’œuvres très diverses (tableaux, gravures, manuscrits, habits, armes…). Ainsi « Napoléon et l’Europe » s’adresse et s’adapte sans mal à tous les publics – les enfants et les cancres du dernier rang, comme les plus érudits des napoléonphiles. Ces derniers n’apprendront probablement rien de nouveau, mais se réjouiront de découvrir, entre autres surprises, l’habit de petit uniforme que portait lord Nelson à la bataille de Trafalgar, joyau des collections du National Maritime Museum de Londres. La manche droite, repliée au coude et boutonnée sur la poitrine, rappelle que Nelson avait perdu son bras droit quelques années plus tôt. Le plus émouvant est d’apercevoir, dans le tissu au niveau de la clavicule gauche, le trou laissé par la balle qui a tué le vice-amiral sur le pont du Victory, lors de la fameuse bataille.
Commissaires : Émilie Robbe, conservatrice au département moderne (1643-1870) du Musée de l’armée ; Grégory Spourdos, adjoint du conservateur du département moderne ; François Lagrange, chef de la division de la recherche historique, de l’action pédagogique et des médiations au musée
Scénographie : Didier Blin, architecte scénographe
Jusqu’au 14 juillet, Musée de l’armée–Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, 75007 Paris, tél. 01 44 42 38 77, www.musee-armee.fr, tlj 10h-18h, le mardi 10h-21h. Catalogue, Somogy Éditions d’art, 336 p., 412 ill., 39 €.
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Quand Napoléon voulait l’Europe
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Abonnez-vous dès 1 €George Cruikshank, [Napoléon] S’emparant des reliques de l’Italie, 1er décembre 1814, Musée de l’Armée, Paris. © Photo : Musée de l’Armée, dist. RMN.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°390 du 26 avril 2013, avec le titre suivant : Quand Napoléon voulait l’Europe